01
Feb
2023

L'eau qui dort

Depuis très longtemps, je me perçois comme quelqu'un d'absolument monotâche. Sur l'instant bien sûr, avec l'incapacité de gérer deux choses simultanément, mais également d’organiser et prévoir deux projets à la fois dans un environnement donné.
Par exemple, dans le cadre de mon travail, je m'occupe à la fois du développement du frontend de notre produit et de l'automatisation des tests end-to-end. Cette dernière ayant un cycle de mise à jour très long, elle me laisse le temps de bosser sur le premier pendant les builds de plusieurs heures... sur le papier, puisqu'en réalité je n'arrive pas à passer de l'un à l'autre sans perdre un temps monstrueux de remise en contexte.
De même, sur une période de plusieurs jours, voire de plusieurs semaines, il m'est difficile de me consacrer à plus d'un projet artistique à la fois. C'était d'ailleurs une précaution arrangeante d'espacer les séances photo pour me laisser le temps de récupérer, puisque cela me permettait aussi de finir de traiter chaque séance avant de passer à la suivante, avec tout ce que ça implique de réflexion et de préparation mentale en amont comme en post-prod.

Or, si j'ai pu affirmer fermement à mes collègues qu'il valait mieux que je ne fasse pas du tout de frontend le temps de stabiliser les tests end-to-end, dans le cadre de mes projets personnels, il fallait également que je sois intransigeante pour me laisser le temps de travailler ce qui prend du temps : la musique. Pour préparer une simple reprise, l'écrire, m'entraîner techniquement sur le plan musical, enregistrer et arranger la vidéo, j'ai besoin d'au moins une bonne semaine complète... dont je ne dispose jamais, puisqu'une séance photo est si vite calée un mercredi ou un samedi.

Alors je tente pour ce premier semestre de ne prévoir aucune séance en tant que photographe un mois sur deux : février, avril, juin.

Cela devrait suffire, un mois entier, pour consacrer des après-midi entières à exercer ma dextérité et m'enregistrer... sauf que mon mois de février démarre avec ma dernière séance de portraits de rencontre toujours en cours, puisque je n'ai pas pu m'en occuper durant mon déplacement professionnel la dernière semaine de janvier et que j'ai entre-temps lancé mon projet Espace Pose.

Alors, que conclure de cette frénésie créative ? J'ai beaucoup d'envies et plein d'idées, assez de motivation pour me passer de la validation (généralement absente) de mon conjoint, suffisamment d'autodiscipline pour avancer bon gré mal gré tout ce qui repose sur des images fixes... mais toujours pas l'organisation qui me permettrait de jouer les reprises que j'ai écrites au nouvel an.

Je réalise parfaitement que je délaisse le plus important au profit du plus urgent, mais je bute sur le moyen concret de changer cela.

16
Jan
2023

Intuition et préjugés

Comme à tous les enfants éduqués pour devenir des adultes civilisés dans une société multiculturelle, on m'a appris que le préjugé était quelque chose de bête et mauvais. Et j'avais toutes les raisons de le penser car, à cette lointaine époque où mon frère et moi-même étions les seuls enfants asiatiques de la ville où nous grandissions, j'ai connu très tôt les surnoms moqueurs liés à mes origines, donnés par des enfants qui ne connaissaient parfois même pas mon prénom.

Alors de manière générale, je me disais qu'il ne fallait rien conclure sur quiconque au premier regard. Qu'il fallait avoir échangé dans de nombreuses conversations et partagé des expériences au sein d'activités communes, avant de prétendre pouvoir cerner les contours de sa personnalité, et développer une opinion pertinente.

Or, cela impliquait également de ne pas écouter cette sensation dans le ventre, ce mal-être indescriptible ou cette lumière intérieure qui me disaient à tour de rôle que je devais côtoyer davantage ce total inconnu ou ne surtout pas adresser la parole à cette amie d'ami.
D'ailleurs, les quelques fois où je les suivais, je pouvais découvrir plus tard que j'avais eu tort, alors à quoi bon leur accorder le moindre crédit ?

Durant ma vingtaine, années d'exploration de milieux variés en parallèle de mes études un peu chaotiques, j'étais une grande adepte de la déconstruction.
J'adorais tester les personnes que je rencontrais sur la racine de leurs idées pas si réfléchies, de leurs acquis pas si solides, de tout ce qui fondait leur modélisation du monde et de l'autre. Je tirais une grande satisfaction à illustrer la dénonciation des stéréotypes avec ma propre personne, une femme dans un métier d'homme.

Et puis, j'ai bien fini par tomber sur des personnes qui assumaient de n'avoir aucune démonstration logique à me donner... et auxquelles le temps donnait raison.

Aujourd'hui, j'écoute davantage mon intuition, du moins les fois où elle hurle déraisonnablement ; car toutes les rencontres où j'ai ressenti un rejet énorme face à quelqu'un, ont été suivies quelques mois plus tard d'un acte d'une grande lâcheté, une trahison dont la bassesse semblait pourtant inimaginable aux yeux de notre entourage commun.

J'ignore souvent quel est le chemin emprunté dans mon inconscient pour me dire de fuir une situation qui ne présente vraisemblablement rien de dangereux... Toujours est-il que face à l'inconnu, il y a une différence notable entre l'intuition d'un adulte et les préjugés d'un enfant : l'expérience.

Finalement, une intuition fiable ne se développe-t-elle pas en cumulant de nombreux préjugés ?

01
Jan
2023

Tenir un journal

J'ai été moins assidue ces dernières semaines à écrire dans ce blog. Non pas par manque d'évènements à raconter ou d'idées à développer, en réalité c'est le contraire : je pars dans tous les sens et je perds le fil de beaucoup de choses, à mon grand désarroi. Je me dis que tenir un journal, même public et donc un minimum pudique, me permettait à la fois d'ordonner mes priorités et de me souvenir de tout ce qui compte... D'autant que ces derniers jours, lorsque je décidais d'écrire un petit article, j'avais tant de choses en tête que je ne parvenais même plus à choisir un sujet, et c'est ainsi que j'avortais toute initiative.

Alors pour ce premier jour de 2023, je décide de rompre le cycle, voici des idées volantes et des histoires en vrac.

Les évolutions relationnelles

En ce 1er janvier 2023, toutes les personnes avec qui j'ai discuté m'ont parlé de colère, de déception et d'amertume qui avaient mis fin à des amitiés de très longue date.

Avec l'une, nous avons évoqué d'autres formes d'inspiration sur les réseaux sociaux que le succès, comme les difficultés et les échecs sur le chemin qui y mène. J'aurais pu ajouter, si la conversation avait duré plus longtemps, que même auprès de certains proches, minimiser mes efforts, mes doutes et mes coups durs avait pu avoir pour effet de donner l'impression que tout ce que j'avais réussi était beaucoup dû à la chance, que c'était plus facile pour moi... là où je constatais qu'ils n'accomplissaient rien en n'ayant même pas essayé. Alors, sans regarder le verre à moitié vide et sombrer dans la complainte, je pense que cela peut être bénéfique pour tout le monde de partager plus que les réussites qu'on mettrait sur un CV.

Avec une autre, nous avons constaté une similarité dans l'évolution de notre vie sociale, celle de désormais prioriser le respect d'autrui à la compréhension intime et fusionnelle.

De mon côté, les deux grandes leçons de cette année étaient de comprendre que c'était une bonne chose de mettre fin à mon syndrome du sauveur, mais que cela ne changeait rien au syndrome de la victime de mes anciens amis.

La petite voix

Ce 31 décembre 2022, j'ai choisi de le passer seule à la maison. Ni famille, ni amis, ni amoureux, juste mon chat heureux de me retrouver après mon absence du réveillon de Noël. Avoir régulièrement des demi-journées pour moi dans mon atelier participe indiscutablement à mon équilibre, mais être seule avec moi-même plusieurs jours d'affilée m'apporte des ressources indescriptibles, comme si je pouvais enfin effleurer une plénitude que je ne peux entrevoir autrement. Depuis que je vis en couple, même si j'adore cela, je dois désormais provoquer ces périodes, et c'est ce que j'ai fait pour ce changement d'année.

Être seule pendant plusieurs jours me permet de jauger comment je me sens en ma propre compagnie, et ensuite de clarifier mon positionnement dans ma propre vie. Alors pour ce dernier jour de solitude, je peux affirmer avec certitude que je suis heureuse d'être qui je suis, où je suis, avec qui je suis, et j'espère que cet équilibre, stable de par les bases qui constituent ma vie actuelle, continuera de réguler le chaos en moi.

La confiance

J'ai donné une petite formation à toute une équipe de développeurs durant mon dernier séjour professionnel à Lyon. J'ai gagné une grande assurance comme en témoigne cette photo prise durant la dernière soirée. J'ai commencé ma carrière d'ingénieur avec un gigantesque syndrome de l'imposteur suivi d'un burn-in, 8 ans plus tard je me sens parfaitement à ma place.

La santé

Je suis revenue de Lyon plus tôt que prévu, ayant côtoyé un collègue qui s'est avéré positif au Covid. Si j'ai échappé à ce dernier, j'ai eu en revanche une bonne crève que j'ai transmise à mon compagnon. J'ai pu guérir pour l'essentiel en un weekend et reprendre le travail normalement, tandis que mon compagnon, habituellement bien moins malade que moi, est à l'heure actuelle encore souffrant. Si je me désole de son épuisement, je me réjouis de constater que les mesures que je prends depuis trois ans pour renforcer mon immunité semblent payer.

Autre anecdote, un ami m'a demandé aujourd'hui ce que je voulais qu'il me souhaite pour cette année. J'ai longtemps hésité entre différentes options, mais pas un instant je n'ai songé à répondre "guérir". A croire que la guérison définitive est acquise dans mon inconscient.

La gestation

Durant le mois de décembre, j'ai eu la chance de vivre une transformation bouleversante durant une formation de Lenka Lutonska, qui par ailleurs fait écho à celle avec Marisa Peer durant le premier confinement, de par le discours comme les déclics pendant les séances d'hypnose. Lenka compare la gestation d'un projet à une grossesse :
— il n'y a besoin ni de "faire" en permanence, ni de comprendre dans le détail comment cela fonctionne pour permettre à l'Univers d'œuvrer à travers soi
— pour autant, on se prépare activement à recevoir le miracle, le temps qu'il nécessite pour se produire

Alors, je sais que je ne suis plus dans le bon état d'esprit depuis que je m'éparpille, et il me faudra m'acclimater à tous ces flots de pensée ; mais les interruptions urgentes ne doivent pas me détourner du plus important : la musique.

Alors que nous passions de 2022 à 2023, j'étais sur Musescore à prendre sous la dictée des chansons dont je veux filmer une petite reprise depuis des années ; et si je n'ai pas commencé les enregistrements eux-mêmes, je sais qu'ils seront bien plus aisés en ayant une partition ; et si je n'ai pas commencé à écrire les mélodies qui m'habitent et me réveillent aléatoirement depuis ma plus tendre enfance, je les entends plus régulièrement lorsque j'écoute attentivement des morceaux qui touchent mon âme.

21
Dec
2022

Ce que j'ai appris de mon hypothyroïdie

Aujourd'hui commence l'hiver 2022, et nous sommes à exactement six mois du jour où j'ai reçu le résultat des analyses hormonales les plus poussées que j'ai jamais faites. Elles annonçaient une hypothyroïdie assez sévère doublée d'une petite fatigue surrénale, constituant par ailleurs des facteurs certains des récidives de mon SIBO.

Beaucoup de médecins se contentent de mauvais indicateurs

Avant de rencontrer mon médecin fonctionnel actuel, les suspicions d'hypothyroïdie à mon encontre s'arrêtaient après un simple dosage de la TSH (thyroid-stimulating hormone). Non seulement les normes actuelles sont trop larges, mais de plus, une TSH impeccable n'indique rien de la conversion de la T4 (thyroxine, hormone thyroïdienne peu active) en T3 (triiodothyronine, hormone thyroïdienne active). Il convient donc de doser également et surtout la T4 libre, la T3 libre et la T3 reverse.

Ajoutons à cela que tout souci de santé est une affaire de symptômes avant les chiffres. Des analyses sans anomalie ne prouvent pas que l'on a zéro souci, uniquement que l'on n'a rien détecté. Malheureusement, on se voit beaucoup trop souvent dire que tout est dans la tête sur la seule base d'examens encourageants, alors qu'on se tord de douleur, qu'on ne digère plus rien, qu'on se restreint à une demi-vie.

Ce n'était ni le psychologisme, ni le capitalisme

Toute personne m'ayant côtoyée durant ma vingtaine m'a connue dans cet "état ralenti", dans lequel je me trouvais depuis si longtemps qu'il constituait ma norme. Outre tous les symptômes classiques comme le corps froid, les migraines, les douleurs musculaires, le réveil difficile... je me sentais souvent faible, dénuée d'énergie et de volonté, dans une sorte de torpeur permanente. Je culpabilisais d'être un poids pour mes camarades de classe, mes colocataires, mes amis, en me condamnant moi-même à l'impuissance ; mes échecs réguliers entretenaient un cercle vicieux de manque de foi et d'abandon prématuré, dans tout ce que j'entreprenais.

Or, entre la moitié de mon entourage qui attribuait cela à un manque d'ambition et le réduisait à sa dimension psychologique, et l'autre moitié qui ramenait tout au capitalisme et autre coupable systémique, je ne m'étais jamais dit que mon métabolisme était déréglé.

Un trouble mental se soigne aussi par le corps

Bien sûr, ce fameux "état ralenti" était multifactoriel, et il est difficile de démêler certaines corrélations des causalités. Mais il est intéressant d'en isoler certaines pour réaliser le poids de chacune. J'ai commencé à traiter cette hypothyroïdie trois ans après avoir cessé de prioriser la souffrance du monde, deux ans après avoir changé radicalement d'environnement — lieu de vie et entourage. Le gain d'énergie et de bien-être a été impressionnant à chaque étape, et vraiment spectaculaire sur la dernière.

J'en tire aujourd'hui la compréhension de l'écrasante pénibilité ressentie pendant les dix années les plus difficiles de ma vie, et le soulagement d'en être sortie.

20
Nov
2022

Balade en Arts

Hier soir avait lieu le vernissage de l'exposition Balade en Arts, de l'association Reflets. Mon cher Edmond y participait avec six tirages, dont notre petite médaille d'or de ISO2022. J'ai rencontré Marine et Ona.

Avant de partir, Edmond m'a offert trois tirages de notre série Promenades Intérieures. Il est toujours spécial de voir ses images prendre corps dans la réalité, épouser les reliefs du papier, scintiller légèrement sous la lumière.

balade-en-art-1

Photo par mon cher et tendre

03
Nov
2022

Trains

03 Nov 2022

L'amour, c'est aussi lorsqu'il t'appelle depuis un concert de Porcupine Tree pour écouter ensemble votre chanson préférée.

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