07
Oct
2022

L'amitié impossible

Je reviens de trois jours intenses à Lyon, durant lesquels j'ai vu des personnes que je ne pensais plus côtoyer après mon départ de cette ville, et évité des personnes que je pensais compter parmi mes proches pour des décennies.
Ils ont été le point culminant de plusieurs mois où se sont enchaînés sentiments d'empathie et de frustration, de colère et de compassion, de confiance et de trahison, d'esseulement et de compréhension ; se heurtant tour à tour aux paroles mais surtout aux actes d'un autre.

Le poids des mots

Je crois en la communication, la compréhension mutuelle, tous les gages de connexion et d'acceptation de l'autre... lorsque les mots ont un sens, et que celui-ci leur confère un poids.

Je veux bien des amis qui croulent sous les problèmes et me disent être trop submergés pour rester positifs ou même présents.
Je ne veux pas des amis qui romancent un bonheur factice et attendent de moi que je devine leurs véritables ressources.

Je veux bien des amis qui ferment souvent les canaux de communication pour se recentrer, et ne les rouvrent que lorsqu'ils sont disposés à y accueillir les autres.
Je ne veux pas des amis qui s'engagent régulièrement dans des promesses qu'ils ne tiendront pas, et ne me préviendront pas que je compte en vain sur ce que je crois être un simple retard de circonstances.

Je veux bien des amis qui voient le verre à moitié plein dans une épreuve et rapportent un réconfort tangible du premier dans l'appréciation de la seconde.
Je ne veux pas des amis qui inventent de l'optimisme lorsque ma situation s'aggrave, et se disent contents pour moi lorsque j'indique être blessée, triste ou en colère.

Je veux bien des amis qui commettent des erreurs, beaucoup d'erreurs, sans se départir de leur responsabilité dans les conséquences.
Je ne veux pas des amis qui en lieu d'excuses, se cachent derrière leurs difficultés pour m'en créer et assument de me tirer vers le bas.

La fin sans annonce

Forte de ce constat après observation de mes actuelles amitiés à distance, je réalise que certaines que je croyais possibles ne le sont pas, et que je n'ai même pas de canal où l'exprimer lorsque le fossé est trop grand.

Comment quitter quelqu'un qui nous a déjà abandonné ?

C'est le plus douloureux pour moi, ne pas pouvoir dire adieu avant de lâcher prise sur le devoir de loyauté que je m'impose ; mais je pourrai bien passer à autre chose, ce sera seulement un peu plus long.
Comme je l'ai dit à un ami qui m'a soutenue tout le long de cette peine,

Le plus important n'est pas qu'elle comprenne, mais que j'avance.

Précieuse confiance

C'est sans doute un grand cliché de la vie relationnelle, mais je crois qu'il est bon de concentrer son attention sur les bonnes surprises pour finir le deuil des déceptions.

Si la première amie à laquelle je voulais livrer l'identité d'un agresseur, dont j'ai porté seule l'anonymat la majeure partie de ma vie, a trahi sa parole et fini de briser la confiance que j'avais envers sa prévenance, j'ai malgré tout osé renouveler la démarche avec d'autres, qui ont réagi avec une grande bienveillance.

Me savoir entourée de ces personnes qui m'ont apaisée et permis un pas vers la délivrance, constitue le plus grand trésor que je ramène à la maison.

03
Oct
2022

32 ans

J'ai 32 ans aujourd'hui. Je les ai célébrés autour d'une belle table au Médiéval.

J'aurai une consultation en fin d'après-midi pour faire le point après mon dernier test respiratoire. Je ne suis toujours pas guérie, je ne m'autorise toujours aucune consommation d'alcool, mais c'est déjà réconfortant de pouvoir faire des écarts alimentaires occasionnels sans finir alitée. J'aime la Bourgogne, sa gastronomie, ses spécialités au cassis.

22
Sep
2022

Se punir pour les autres

L'autre jour au téléphone, ma mère plaisantait sur le fait que je pouvais moi aussi "avoir mon caractère" au niveau relationnel. Je l'ai alors informée très sérieusement que je suivais une psychothérapie en parallèle de ma médication, car les maladies digestives ne se soignent pas dans l'anxiété ou la colère.

Je n'attendais pas de retour particulier, mais elle a abordé sa propre évolution dans sa gestion des émotions. Elle m'a expliqué que ce travail que je faisais pour guérir, elle le faisait car l'âge passant, chaque accès de colère l'épuisait toujours davantage, au minimum plusieurs jours d'affilée.
Et elle m'a cité ce proverbe :

生气
就是在拿别人的错误来惩罚自己

En français : être en colère, c'est se punir pour les erreurs des autres.

10
Sep
2022

Ce que j'ai appris de mon séjour à l'hôpital

J'évoquais dans le précédent article une hospitalisation, voici un résumé du contexte médical avant d'entrer dans le vif du sujet.

On avait vu une iléite terminale lors de l'échographie aux urgences, mais on n'en a jamais identifié la cause, et j'ai d'ailleurs rechuté un an plus tard sans davantage d'information sur ce qui m'infectait. Je raconterai l'errance médicale qui s'est ensuivie dans un prochain article...

Des sophismes lourds de conséquences sur la santé

J'étais végane depuis six ans, et je faisais scrupuleusement des analyses de carences tous les ans pour m'assurer que les choix alimentaires qui accompagnaient cette démarche ne portaient pas atteinte à ma santé. J'ai pu me rendre compte d'une chose en entrant aux urgences : avoir des analyses sanguines impeccables ne prouve pas que l'on est en bonne santé, puisque j'étais littéralement en train de crever. Mesurer des taux dans le sang en dit bien peu sur l'état des os, des muqueuses, des tissus, des intestins... et pourtant la logique voudrait qu'on pense à ces derniers concernant l'impact d'une restriction alimentaire, mais à l'époque, je réduisais l'alimentation aux apports nutritionnels, oubliant que l'aliment est plus qu'une somme de nutriments et que le métabolisme est un acteur primordial dans le processus de digestion.
Je ne me jette pas la pierre outre mesure car ce n'était jamais abordé dans les contenus que je lisais malgré une veille active sur ces questions. L'acidification du corps durant la digestion des protéines animales nous est régulièrement rappelée pour nous convaincre de passer à une alimentation entièrement végétale, pour autant je n'ai jamais vu un seul animaliste évoquer le phénomène opposé que peut provoquer le végétalisme, à savoir l'hypochlorhydrie, avec ses conséquences désastreuses sur la partie haute du système gastro-digestif. De même, on nous bassine avec la présence prétendument suffisante des 8 acides aminés essentiels pour synthétiser nos protéines, mais on n'évoque pas le fait que les cellules épithéliales qui tapissent l'intestin métabolisent directement 2/3 de la L-glutamine qui s'y trouve... un acide aminé considéré pourtant comme "pas essentiel". Je pourrais continuer avec la supplémentation conseillée qui contient la plupart du temps de la vitamine B12 sous une forme que l'organisme stocke mal, souvent la cyanocobalamine, vantée pour sa haute assimilation, au détriment de l'hydroxocobalamine qui renouvelle les réserves de l'organisme au lieu de simplement ralentir leur diminution. Ou sur le fait qu'en cas d'hypothyroïdie, le bêta-carotène n'est plus converti en vitamine A, elle-même nécessaire à la conversion de T4 en T3 et aggravant l'hypothyroïdie, ce phénomène est de plus à la fois cofacteur et conséquence d'un manque de progestérone pour les femmes, avec les troubles que l'on connaît : SPM, adénomyose, endométriose, SOPK...

Toujours est-il qu'à ma sortie de l'hôpital, parmi les nombreux aliments que je ne digérais plus, figuraient l'intégralité des légumineuses et la plupart des céréales. Plus tard, alors que j'assumais enfin de remanger des produits animaux, d'autres personnes que je connaissais dans ce milieu sont venues m'avouer qu'après 5 à 7 ans de véganisme, elles avaient développé des troubles hormonaux et/ou digestifs difficiles voire invalidants, et que comme moi, ayant passé les premières années d'alimentation végétale sans aucun problème, elles avaient conclu que celle-ci ne pourrait plus être un facteur de détérioration de la santé et ont trainé à l'envisager parmi les causes de l'enfer qu'elles vivaient. Nous avons constaté ensemble qu'un changement d'alimentation peut causer des dérèglements durables bien des années plus tard sur l'organisme, du moins les rendre particulièrement propices, et il était naïf de notre part d'en exclure l'idée avec le véganisme, dont la propagation est bien trop récente pour que ses conséquences long terme aient pu être étudiées sur de grands nombres. Le bon sens aurait pu nous faire remarquer que l'on connaît, par ailleurs, bien des facteurs de cancers et autres maladies graves, qui ne toucheront pas toutes les personnes exposées et dont on prévoit les conséquences pour au moins des décennies plus tard. Personne ne dirait que fumer n'est pas néfaste pour ses poumons sur le seul constat qu'il n'a jusqu'ici eu aucun problème respiratoire.

Des contraintes sans impact sur la cause défendue

Un autre aspect lié à cette importante partie idéologique de ma vie à l'époque a sauté en parcourant l'excellent livre Comment réussir à échouer de Paul Watzlawick, prêté par un ami pour m'occuper lorsque je n'avais pas de visite, et qui m'a fait réfléchir sur des exemples de mon expérience personnelle.
Il a été difficile pour moi de le reconnaître, mais je n'avais sauvé aucun animal en étant végane. Dans une économie où le gaspillage est préféré à la pénurie, les produits animaux ne sont pas créés en flux tendu. Si l'on peut identifier l'animal auquel appartenait le corps dont on se repaît, lequel n'est pas tué lorsqu'on mange autre chose ? Est-ce que manger un peu de viande plutôt que pas du tout en changeait suffisamment la demande pour en influencer la production sur le marché ? Malgré le fait que j'ai toujours été arrangeante lorsque je sortais ou me faisais inviter, j'ai eu le sentiment d'avoir seulement érigé de beaux principes en bannière durant ces six ans, avec pour conséquences de créer des contraintes pour la partie de mon entourage qui n'embrassait pas ces principes et me donner une dose de moraline à chaque repas en n'ayant absolument rien changé à la vie d'aucun animal.

Régler mes problèmes avant de sauver le monde

Tout a commencé en réfléchissant sur la partie antispéciste de mon militantisme, et s'est progressivement étendu au reste. Me consacrer aux malheurs du monde était un facteur à la fois d'angoisse profonde et de sentiment d'impuissance, dont la culpabilité était un tourment pour moi, tandis que son poids restait sans effet sur la réalité de l'objet de mes obsessions.

Cette façon de prioriser les choses nourrissait activement ma dépression, j'en veux pour preuve que cette dernière n'a plus jamais refait surface depuis que mon attention est tournée vers ce sur quoi j'ai réellement un pouvoir d'action.

07
Sep
2022

Renaissance

Ce premier article a pour titre « Renaissance », car je souhaite évoquer, en prémices du reste, celle qui a eu lieu lors de mon hospitalisation en 2019.

La dépression me tournait autour depuis dix ans, et j'étais à l'agonie depuis plusieurs jours dans cette chambre blanche, hydratée par voie intraveineuse car mon corps ne supportait même plus l'eau.
Ce jour-là, alors que mes inclinations à me laisser mourir étaient plus nombreuses que jamais, et que je disposais d'un cadre qui s'y prêtait bien, je me suis découvert tout au fond de ce lit d'hôpital un profond désir de vivre. Rien de rationnel, de raisonnable, de réfléchi, juste un élan indescriptible, accompagné d'une voix qui répétait « pas maintenant » et des larmes à n'en plus finir.
Ma santé physique et psychologique était des plus déplorables, pourtant, au moment le plus misérable de mon existence, j'ai cru que je pouvais me construire une vie heureuse, et j'en ai pris le chemin.

Aujourd'hui, cela fait 3 ans exactement que j'ai entamé ce tournant, et c'est un anniversaire à célébrer.

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