22
Aug
2023

Vague Hope

Il y a quelques semaines, ma chère Marilyne (oui, encore elle) a trouvé un vieil escabeau pour lequel elle imaginait diverses scénographies fleuries en extérieur, une femme perchée dessus portant une robe qui volait au vent. Elle m'a proposé d'incarner cette femme, j'ai dit oui (encore, évidemment), et là a commencé une recherche de lieu de son côté, et une nouvelle idée de vidéo du mien. Marilyne a de prime abord souhaité faire la séance dans un champ de fleurs, et j'ai spontanément pensé aux larmes lunaires d'Emile dans le jeu vidéo narratif numéro un dans mon cœur, NieR:Automata. J'ai alors proposé à Marilyne de faire cette fois une vidéo mi-backstage, mi-clip musical où je chanterais une reprise de Vague Hope (Cold Rain), une de mes chansons préférées de la bande-son, dont j'avais d'ailleurs déjà transcrit la partition l'hiver dernier. Marilyne m'a à nouveau accordé sa confiance et son aide, pour mon plus grand bonheur.

La recherche de lieu a constitué toute une péripétie pour Marilyne. En constatant que les tournesols étaient déjà tournés vers le sol sous le poids de leurs graines, elle a cherché des champs de lavande. Une fois passée la difficulté d'en trouver un, il semble que ce n'était plus la saison de la lavande non plus. Marilyne a alors suggéré qu'on retourne dans le coin de forêt où je l'avais assistée pour photographier Bibesia.
Le jour de la séance, le trajet avait ceci de notable que comme l'escabeau ne tenait pas dans le coffre, la voiture nous a gratifiées de bips infernaux tout le long de l'aller comme du retour.

Nous avons découvert surplace que l'un des spots initialement prévus avait été détruit par la tempête, que les ruisseaux étaient bien moins abondants que la dernière fois, et que le ciel s'assombrissait plus vite que nous l'imaginions. Nous avons rebroussé chemin, fait quelques vidéos de preview pour Marilyne sur un tronc d'arbre couvert de mousse, et enfin installé l'escabeau au milieu de l'eau, sous un puit de lumière repéré par Marilyne. Comme d'habitude, Marilyne s'est elle-même mise dans l'eau glaciale (il fait 34°C au moment où j'écris ces lignes, mais cet été a réellement été le plus frais et le plus gris que j'aie connu depuis des années) pour avoir le meilleur angle de vue possible. Son boîtier montant moins haut en ISO que le mien, nous avons d'abord fait ses photos sur l'escabeau, et la nuit commençait à tomber au moment de filmer.
Si j'avais déjà une idée précise des plans vidéo que je voulais, ma reprise de Vague Hope n'était pas encore enregistrée. J'ai donc chanté en playback sur la chanson originale, m'imposant ainsi la contrainte future de devoir chanter et jouer ma version exactement au même rythme.

Au moment de se changer et ranger les affaires pour rentrer, la forêt était plongée dans la pénombre mais les feuillages sous le puit de lumière verdoyaient. J'ai juste eu le temps de prendre LA photo, celle qui me servirait d'image couverture pour la vidéo. NieR:Automata se déroule dans un univers post-apocalyptique, où des androïdes tentent de reconquérir la Terre pour les derniers humains réfugiés sur la Lune. Beaucoup de scènes du jeu se déroulent dans un paysage sauvage, où la nature a repris ses droits en laissant quelques derniers vestiges de civilisation. Au-delà de l'esthétique des images et sa bande-son sublime, j'ai été bouleversée à plusieurs reprises en plongeant dans l'histoire de ce jeu où alternent espérance et désespoir.
Alors cette dernière image avant de quitter les lieux était comme un signe.

Après les photos et le tournage, j'ai repris assidûment l'exercice musical et ai préparé le tournage de la deuxième partie. J'avais imaginé une personne endeuillée, qui chantait seule dans un décor épuré avant d'introduire le piano, et ainsi « invoquer » une deuxième voix dans le monde des souvenirs. Pour la tenue, j'ai associé ma robe noire de chez VessinA, contenant une découpe au niveau du décolleté, avec un corset de cou de chez Haizea. Je voulais évoquer l'uniforme YoRHa sans tomber dans un déguisement vulgaire du personnage 2B, et ma foi, je suis plutôt contente de l'effet obtenu.

Je me suis enregistrée la semaine dernière et me suis ensuite consacrée au montage, dont voici le résultat. En comparaison avec notre vidéo Gorgone, j'ai essayé de montrer davantage Marilyne durant les préparatifs, son énergie et son enthousiasme contagieux même en transportant un meuble lors d'une excursion en forêt, ainsi que quelques détails des véritables tableaux que sont ses photographies.

Maquillage, photographie, scénographie : Marilyne Dugé

La vidéo est également disponible en HD sur YouTube.

10
Aug
2023

Géométrie des textures

Ce soir sort le quatrième tutoriel d'Espace Pose, qui a désormais sa playlist sur YouTube.

Je crains toujours le syndrome de la page blanche lorsque je planifie un nouveau tutoriel, et il s'est particulièrement manifesté ici. Pourtant, j'avais plein de choses à dire sur la photo de mode, intimidante de prime abord par le prestige autour du luxe auquel elle est souvent associée. Mais sous ses airs élitistes et ses codes carrés, elle offre un levier qui permet de libérer une créativité délirante et est en réalité parfaitement accessible au modèle moyen... à condition qu'il y croie.

Pourquoi la page blanche dans ce cas ? J'avais un carnet rempli de croquis et de notes... dont je ne trouvais pas encore le fil conducteur.

Suite à la précédente vidéo sur les poses liées au dos, je souhaitais maintenir une alternance d'angles d'attaque entre l'anatomie et le type de photographie. La mode, tout le monde connaît, tout le monde rêve d'en faire, et tout le monde en a peur au début... Il était inimaginable que je ne l'aborde pas prochainement. J'ai donc fait comme je fais toujours lorsque je doute : plutôt que d'attendre d'être prête à 100%, je prépare ce dont je suis déjà certaine, et je fais confiance à l'avenir pour m'aiguiller sur la suite quand le moment sera venu. Cette confiance est d'autant plus importante que je dois l'inspirer aux personnes qui me suivent dans l'aventure, et c'est impensable si je ne la ressens pas moi-même. Heureusement, ayant toujours réussi à terminer mes petits tutoriels, la pensée que ce que j'entreprends est toujours à ma portée devient de plus en plus naturelle.

Je m'accroche à cette idée que j'ai partagée à Marilyne lors de notre dernier tournage (dont je vous parlerai prochainement) :

Si on n'obtient pas ce que j'avais en tête, je trouverai autre chose

La modèle choisie faisait le consensus entre Marilyne et moi avant même que nous nous concertions. Il s'agit de la superbe Chloé, dont j'ai fait quelques portraits, et que Marilyne a photographiée dans plusieurs de ses propres séries. Chloé est élégante, Chloé a un regard atypique et intense (aviez-vous déjà vu des yeux bridés de cette couleur ?), Chloé incarne avec enthousiasme les personnages sortis tout droit de l'imagination de Marilyne... Chloé était la modèle parfaite pour cette vidéo, et nous avons été ravies qu'elle accepte.

J'ai donc préparé le tournage à partir des visions que j'avais en tête. Je voyais trois scènes, trois tenues, toujours devant le même fond bleu qui serait décoré à la façon d'un cours d'art plastique pour jouer sur les formes, les couleurs et les textures à peu de frais. Du sobre, du déstructuré, du fantastique. Un tailleur classique associé à des accessoires originaux, une grande capeline colorée devant un fond géométrique, une robe de tulle froufroutant sur des accessoires en papier.

La liste des courses s'est affinée en faisant l'inventaire de ce que nous avions déjà chacune de notre côté, et le jour J, nous étions prêtes.

Le tournage a commencé en fin d'après-midi et a duré jusque très tard dans la soirée. De mémoire, environ six heures. J'en étais navrée pour Chloé qui était en pleine période de révisions et que je n'ai même pas pu défrayer avec un repas comme je fais d'habitude, mais elle s'est montrée très arrangeante, en insistant pour bien refaire ce qui avait pu être loupé. Nous avons finalement été plutôt efficaces pour filmer les différents plans, ce qui a pris plus de temps que d'habitude était en réalité la répétition des étapes maquillage, coiffure et mise en place du décor. Comme toujours, sans Marilyne, rien de tout cela n'aurait pu être bien exécuté.

Une fois les rushs sur le disque dur, je me suis donné une semaine de pause pour ne plus y penser et revenir avec un esprit plus frais, deux semaines pour étoffer mes notes et construire un propos d'ensemble, et deux autres semaines pour monter la vidéo. Il semble que c'était le timing parfait, puisque je l'ai terminée hier soir.

MUAH, éclairage, photographie (fin de la vidéo) : Marilyne Dugé
Modèle : Chloé Massieux

19
Jul
2023

Gorgone

Un jour où j'accompagnais Marilyne à Action, en passant devant le rayon des jouets pour enfants, je l'ai vue faire un petit stock de serpents de toutes les tailles en évoquant un projet de coiffe Méduse. Et alors qu'elle la confectionnait, elle m'a demandé si je voulais être sa modèle pour présenter cette coiffe. J'ai évidemment dit oui. La figure de Méduse est une source de fascination et de questionnements depuis mon enfance, où est née ma passion pour les mythologies des grandes civilisations de l'Antiquité.

Méduse est une victime à la fois banale et emblématique du courroux des déités gréco-romaines, déclencheurs d'un nombre incalculable de tragédies sans que l'on ose en défier le sens de la justice. Ces narrations peuvent sembler délirantes à conter autant de souffrances gratuitement infligées, inutiles. Mais peut-être est-ce justement en baignant dans cette acceptation du Destin, aussi cruel soit-il, que nos prédécesseurs ont pu donner naissance à de puissants mouvements philosophiques, prônant l'abandon de la vaine tentative de contrôler ce qui nous échappe... c'est-à-dire presque tout.

En cherchant une tenue pour la séance, je suis tombée sur un de mes costumes de scène, dont le motif serpent a été une évidence. Puis, en discutant du reste de l'accessoirisation et des poses avec Marilyne, les yeux rivés sur mon costume et les photos de la coiffe... j'ai eu l'idée de créer une petite chorégraphie de tribal fusion, qui s'inscrirait dans une sorte de vidéo backstage améliorée, documentant un petit peu nos savoir-faire respectifs. J'étais à la fois excitée et terrifiée par ce concept, qui présentait pour moi de nombreux défis techniques, à la fois en vidéo et en danse, mais je visualisais déjà des snake arms sur Medusa's Path de The Prodigy. J'ai fait part de mon idée à Marilyne, de manière certainement confuse dans la mesure où je n'avais rien de ressemblant à lui montrer en exemple... mais elle m'a donné sa confiance, et son feu vert.

Durant les deux semaines qui ont précédé la prise de vue, je me suis concentrée sur la chorégraphie. Mes capacités ayant beaucoup souffert de ma diminution physique globale d'il y a 3 ans, il fallait renoncer au niveau auquel j'étais autrefois habituée pour pouvoir exécuter proprement quelque chose. Au final je suis partie sur un enchaînement de mouvements basiques, mais je me suis infligé deux difficultés.
La première, c'est que les trois parties dansées sont presque identiques, mais ce sont précisément leurs infimes différences qui compliquent grandement leur mémorisation isolée !
La seconde : tous les danseurs connaissent le désarroi en passant de la répétition devant un miroir à la scène, eh bien c'est pire en retirant absolument tout repère spatial avec les yeux fermés... Mais en raison du pouvoir pétrificateur de leur regard, je tenais à la symbolique des Gorgones n'ouvrant les yeux qu'à la toute fin, juste avant l'affichage d'images statiques.
Alors c'est ce à quoi j'ai consacré une heure tous les jours durant les dix jours avant la prise de vue : exécuter les trois chorégraphies les yeux fermés, en me filmant pour me corriger.

Le jour de la prise de vue, il faisait chaud. Terriblement chaud. Comme d'habitude avec Marilyne, le maquillage a tenu les cinq longues heures de cette séance, de 16h à 21h. Nous étions épuisées, et pleines de doutes quant à l'exploitabilité des rushs avec un boitier que nous n'avions encore jamais utilisé. Aujourd'hui, avec cette vidéo, je suis ravie d'exposer la qualité du travail minutieux de Marilyne avant toute retouche. Et je la remercie infiniment pour sa confiance renouvelée.

Coiffe, maquillage, photographie : Marilyne Dugé

La vidéo est également disponible en HD sur YouTube.

Paramètres d'export :

  • Plage de couleurs : MPEG
  • Mode balayage : progressif
  • Désentrelacement : YADIF temporel + spatial
  • Interpolation : Lanczos
23
Apr
2023

Le dos à l'honneur

Jeudi dernier est sorti le troisième tutoriel d'Espace Pose !

le-dos-a-lhonneur-1

S'il demandait moins de préparation logistique que le précédent, ce tournage a néanmoins été très fatiguant pour Marilyne et moi-même. Nous avions toutes les deux la grippe... Et je nous ai prévu une bonne soupe chinoise pour la fin du tournage.

le-dos-a-lhonneur-2 le-dos-a-lhonneur-3

Il fut également un peu difficile d'amener la modèle, Amélie, aux enchaînements exacts que j'imaginais. Amélie propose spontanément de jolis mouvements lorsqu'on lui dicte des émotions, mais intellectualise plus lentement la forme que prend sa silhouette. Ainsi différencier un dos arrondi ou penché, ou encore la droite et la gauche, a été une source de confusion régulière. Mais avec quelques répétitions, nous sommes arrivées à ce que je voulais. Je tire de cette expérience des éléments de réflexion importants pour les futures formations à la pose que je proposerai.

Faire les photos a été ma partie préférée. Dans la continuité de ma première séance de rencontre avec elle, Amélie dégageait une aura puissante et troublante à la fois.

le-dos-a-lhonneur-4

Ce tournage ayant suivi celui sur les poses oniriques de quelques jours, je n'avais malheureusement pas réalisé mon erreur de fps et l'ai reproduite... mais c'est la dernière fois, donc.

Une nouvelle information notable que j'ai découverte durant le montage : les vidéos "intermédiaires" perdent en qualité visuelle si elles sont exportées en mp4. Je l'ai constaté notamment en voulant mettre un extrait "à l'envers". En revanche, tout est resté intact avec du avi ou du mov. J'ai pris le parti de les enregistrer en mov, le format des rushs initiaux.

MUAH, éclairage, photographie (fin de la vidéo) : Marilyne Dugé
Modèle : Amélie Landriot

23
Mar
2023

Le langage des rêves

Le deuxième tutoriel d'Espace Pose est sorti !

le-langage-des-reves-2 le-langage-des-reves-1

Suite aux bons retours du premier, nous avons osé contacter des modèles pour les suivants. Inès devant partir sous peu en Australie, j'ai décidé de la mettre en priorité, et c'est ainsi que s'est décidé ce tournage-ci. Je souhaitais nous sortir toutes de notre zone de confort à cette occasion, et connaissant l'admiration qu'Inès avait pour l'univers de Marilyne, je leur ai proposé de partir sur la photographie onirique, avec une robe rouge corsetée de Marilyne.

le-langage-des-reves-3

Prévoir ce tournage a été une source de stress immense, en raison des prévisions météorologiques qui se sont retournées contre nous. Je voulais investir le parc du Château de Pouilly, où Inès et moi avions posé pour un projet dont je vous parlerai lorsqu'il sera public ; Inès a fait remarquer, à juste titre, qu'avec la semaine pluvieuse qui nous attendait, le sol serait boueux. Au final, j'ai réussi à écrire un nouveau scénario et pu commander tous les éléments manquants, le tout moins d'une semaine avant la date fatidique.

le-langage-des-reves-4

Préparer le studio a été une galère désespérante... Au delà des corvées prévues, comme le repassage de mon fond de deux mètres sur trois, un de mes supports de fond s'est brisé entre mes mains et son contenu effondré sur moi ; j'ai dû tout suspendre à la poutre de mon salon à l'aide de lacets d'une vieille paire de chaussures. Puis, au moment de filmer la scène finale pour l'envoyer en preview à mes deux acolytes, elle s'est délitée sous mes yeux... en bref, tout ce que j'ai composé, il a fallu le refaire deux ou trois fois et j'y ai passé toute ma soirée, la veille de la prise de vue. Mais cela en valait la peine.

La rencontre entre Inès et Marilyne s'est extrêmement bien passée, et nous avons trouvé notre rythme à trois. J'ai été exigeante, tout était difficile, mais nous avons évité une pression inutile en prévoyant, pour chaque plan, une seconde option plus facile à tourner, et surtout nous avons beaucoup beaucoup ri...
J'ai enfin pu exploiter mon trépied girafe, et j'ai bien pensé à retirer le mode automatique de la balance des blancs.

Désormais, en plus de faire le maquillage et de m'assister à la lumière, Marilyne termine les tournages en prenant ses propres photos avec la modèle, tandis que je cuisine pour toute l'équipe.

le-langage-des-reves-5

Côté montage, j'ai modifié presque tout mon processus depuis la dernière fois, car j'ai remarqué que Canva dégradait grandement la qualité de mes rushs. Cette fois, Canva n'a servi que pour les schémas animés et les sous-titres en transparence.

J'ai découvert que les plateformes américaines convertissaient systématiquement les vidéos avec 30fps, alors que je filmais en 25fps... c'est la prochaine erreur à ne plus refaire.

MUAH, éclairage, photographie (fin de la vidéo) : Marilyne Dugé
Modèle : Inès Amoura

15
Mar
2023

Faire Beau et dire Vrai

Après un mois et demi à créer du contenu pour Espace Pose, je lance un canal privé Telegram pour y compléter les généralités inclusives que nous communiquons pour tout public.

Je raconterai plus en détail la séance avec j'illustre cette annonce dans un prochain article, en tout cas avec le tournage du prochain tutoriel, je commence à prendre mes marques avec ShotCut et me trouve enfin dans la phase euphorique de la montée en compétence, qui suit celle beaucoup plus compliquée des débuts dans le doute.

Vous pouvez vous abonner à ce canal ici.

J'ai réfléchi à un petit texte d'introduction, exercice que je trouve toujours difficile lorsqu'il s'agit de me présenter moi-même, et que j'ai repris encore et encore pendant... presque un mois. C'est devenu un véritable motif d'introspection, durant laquelle j'ai cherché les constantes absolues de ma vie pour pouvoir énoncer les piliers de ce que j'exprime avec sincérité. Au final je ne l'aborderai pas explicitement, je pense, mais je le résumerai ici par : faire Beau et dire Vrai.

1 2 3