10
Sep
2022
Ce que j'ai appris de mon séjour à l'hôpital
10 Sep 2022
J'évoquais dans le précédent article une hospitalisation, voici un résumé du contexte médical avant d'entrer dans le vif du sujet.
On avait vu une iléite terminale lors de l'échographie aux urgences, mais on n'en a jamais identifié la cause, et j'ai d'ailleurs rechuté un an plus tard sans davantage d'information sur ce qui m'infectait. Je raconterai l'errance médicale qui s'est ensuivie dans un prochain article...
Des sophismes lourds de conséquences sur la santé
J'étais végane depuis six ans, et je faisais scrupuleusement des analyses de carences tous les ans pour m'assurer que les choix alimentaires qui accompagnaient cette démarche ne portaient pas atteinte à ma santé. J'ai pu me rendre compte d'une chose en entrant aux urgences : avoir des analyses sanguines impeccables ne prouve pas que l'on est en bonne santé, puisque j'étais littéralement en train de crever. Mesurer des taux dans le sang en dit bien peu sur l'état des os, des muqueuses, des tissus, des intestins... et pourtant la logique voudrait qu'on pense à ces derniers concernant l'impact d'une restriction alimentaire, mais à l'époque, je réduisais l'alimentation aux apports nutritionnels, oubliant que l'aliment est plus qu'une somme de nutriments et que le métabolisme est un acteur primordial dans le processus de digestion.
Je ne me jette pas la pierre outre mesure car ce n'était jamais abordé dans les contenus que je lisais malgré une veille active sur ces questions. L'acidification du corps durant la digestion des protéines animales nous est régulièrement rappelée pour nous convaincre de passer à une alimentation entièrement végétale, pour autant je n'ai jamais vu un seul animaliste évoquer le phénomène opposé que peut provoquer le végétalisme, à savoir l'hypochlorhydrie, avec ses conséquences désastreuses sur la partie haute du système gastro-digestif. De même, on nous bassine avec la présence prétendument suffisante des 8 acides aminés essentiels pour synthétiser nos protéines, mais on n'évoque pas le fait que les cellules épithéliales qui tapissent l'intestin métabolisent directement 2/3 de la L-glutamine qui s'y trouve... un acide aminé considéré pourtant comme "pas essentiel". Je pourrais continuer avec la supplémentation conseillée qui contient la plupart du temps de la vitamine B12 sous une forme que l'organisme stocke mal, souvent la cyanocobalamine, vantée pour sa haute assimilation, au détriment de l'hydroxocobalamine qui renouvelle les réserves de l'organisme au lieu de simplement ralentir leur diminution. Ou sur le fait qu'en cas d'hypothyroïdie, le bêta-carotène n'est plus converti en vitamine A, elle-même nécessaire à la conversion de T4 en T3 et aggravant l'hypothyroïdie, ce phénomène est de plus à la fois cofacteur et conséquence d'un manque de progestérone pour les femmes, avec les troubles que l'on connaît : SPM, adénomyose, endométriose, SOPK...
Toujours est-il qu'à ma sortie de l'hôpital, parmi les nombreux aliments que je ne digérais plus, figuraient l'intégralité des légumineuses et la plupart des céréales. Plus tard, alors que j'assumais enfin de remanger des produits animaux, d'autres personnes que je connaissais dans ce milieu sont venues m'avouer qu'après 5 à 7 ans de véganisme, elles avaient développé des troubles hormonaux et/ou digestifs difficiles voire invalidants, et que comme moi, ayant passé les premières années d'alimentation végétale sans aucun problème, elles avaient conclu que celle-ci ne pourrait plus être un facteur de détérioration de la santé et ont trainé à l'envisager parmi les causes de l'enfer qu'elles vivaient. Nous avons constaté ensemble qu'un changement d'alimentation peut causer des dérèglements durables bien des années plus tard sur l'organisme, du moins les rendre particulièrement propices, et il était naïf de notre part d'en exclure l'idée avec le véganisme, dont la propagation est bien trop récente pour que ses conséquences long terme aient pu être étudiées sur de grands nombres. Le bon sens aurait pu nous faire remarquer que l'on connaît, par ailleurs, bien des facteurs de cancers et autres maladies graves, qui ne toucheront pas toutes les personnes exposées et dont on prévoit les conséquences pour au moins des décennies plus tard. Personne ne dirait que fumer n'est pas néfaste pour ses poumons sur le seul constat qu'il n'a jusqu'ici eu aucun problème respiratoire.
Des contraintes sans impact sur la cause défendue
Un autre aspect lié à cette importante partie idéologique de ma vie à l'époque a sauté en parcourant l'excellent livre Comment réussir à échouer de Paul Watzlawick, prêté par un ami pour m'occuper lorsque je n'avais pas de visite, et qui m'a fait réfléchir sur des exemples de mon expérience personnelle.
Il a été difficile pour moi de le reconnaître, mais je n'avais sauvé aucun animal en étant végane. Dans une économie où le gaspillage est préféré à la pénurie, les produits animaux ne sont pas créés en flux tendu. Si l'on peut identifier l'animal auquel appartenait le corps dont on se repaît, lequel n'est pas tué lorsqu'on mange autre chose ? Est-ce que manger un peu de viande plutôt que pas du tout en changeait suffisamment la demande pour en influencer la production sur le marché ? Malgré le fait que j'ai toujours été arrangeante lorsque je sortais ou me faisais inviter, j'ai eu le sentiment d'avoir seulement érigé de beaux principes en bannière durant ces six ans, avec pour conséquences de créer des contraintes pour la partie de mon entourage qui n'embrassait pas ces principes et me donner une dose de moraline à chaque repas en n'ayant absolument rien changé à la vie d'aucun animal.
Régler mes problèmes avant de sauver le monde
Tout a commencé en réfléchissant sur la partie antispéciste de mon militantisme, et s'est progressivement étendu au reste. Me consacrer aux malheurs du monde était un facteur à la fois d'angoisse profonde et de sentiment d'impuissance, dont la culpabilité était un tourment pour moi, tandis que son poids restait sans effet sur la réalité de l'objet de mes obsessions.
Cette façon de prioriser les choses nourrissait activement ma dépression, j'en veux pour preuve que cette dernière n'a plus jamais refait surface depuis que mon attention est tournée vers ce sur quoi j'ai réellement un pouvoir d'action.