19
Jul
2023

Gorgone

Un jour où j'accompagnais Marilyne à Action, en passant devant le rayon des jouets pour enfants, je l'ai vue faire un petit stock de serpents de toutes les tailles en évoquant un projet de coiffe Méduse. Et alors qu'elle la confectionnait, elle m'a demandé si je voulais être sa modèle pour présenter cette coiffe. J'ai évidemment dit oui. La figure de Méduse est une source de fascination et de questionnements depuis mon enfance, où est née ma passion pour les mythologies des grandes civilisations de l'Antiquité.

Méduse est une victime à la fois banale et emblématique du courroux des déités gréco-romaines, déclencheurs d'un nombre incalculable de tragédies sans que l'on ose en défier le sens de la justice. Ces narrations peuvent sembler délirantes à conter autant de souffrances gratuitement infligées, inutiles. Mais peut-être est-ce justement en baignant dans cette acceptation du Destin, aussi cruel soit-il, que nos prédécesseurs ont pu donner naissance à de puissants mouvements philosophiques, prônant l'abandon de la vaine tentative de contrôler ce qui nous échappe... c'est-à-dire presque tout.

En cherchant une tenue pour la séance, je suis tombée sur un de mes costumes de scène, dont le motif serpent a été une évidence. Puis, en discutant du reste de l'accessoirisation et des poses avec Marilyne, les yeux rivés sur mon costume et les photos de la coiffe... j'ai eu l'idée de créer une petite chorégraphie de tribal fusion, qui s'inscrirait dans une sorte de vidéo backstage améliorée, documentant un petit peu nos savoir-faire respectifs. J'étais à la fois excitée et terrifiée par ce concept, qui présentait pour moi de nombreux défis techniques, à la fois en vidéo et en danse, mais je visualisais déjà des snake arms sur Medusa's Path de The Prodigy. J'ai fait part de mon idée à Marilyne, de manière certainement confuse dans la mesure où je n'avais rien de ressemblant à lui montrer en exemple... mais elle m'a donné sa confiance, et son feu vert.

Durant les deux semaines qui ont précédé la prise de vue, je me suis concentrée sur la chorégraphie. Mes capacités ayant beaucoup souffert de ma diminution physique globale d'il y a 3 ans, il fallait renoncer au niveau auquel j'étais autrefois habituée pour pouvoir exécuter proprement quelque chose. Au final je suis partie sur un enchaînement de mouvements basiques, mais je me suis infligé deux difficultés.
La première, c'est que les trois parties dansées sont presque identiques, mais ce sont précisément leurs infimes différences qui compliquent grandement leur mémorisation isolée !
La seconde : tous les danseurs connaissent le désarroi en passant de la répétition devant un miroir à la scène, eh bien c'est pire en retirant absolument tout repère spatial avec les yeux fermés... Mais en raison du pouvoir pétrificateur de leur regard, je tenais à la symbolique des Gorgones n'ouvrant les yeux qu'à la toute fin, juste avant l'affichage d'images statiques.
Alors c'est ce à quoi j'ai consacré une heure tous les jours durant les dix jours avant la prise de vue : exécuter les trois chorégraphies les yeux fermés, en me filmant pour me corriger.

Le jour de la prise de vue, il faisait chaud. Terriblement chaud. Comme d'habitude avec Marilyne, le maquillage a tenu les cinq longues heures de cette séance, de 16h à 21h. Nous étions épuisées, et pleines de doutes quant à l'exploitabilité des rushs avec un boitier que nous n'avions encore jamais utilisé. Aujourd'hui, avec cette vidéo, je suis ravie d'exposer la qualité du travail minutieux de Marilyne avant toute retouche. Et je la remercie infiniment pour sa confiance renouvelée.

Coiffe, maquillage, photographie : Marilyne Dugé

La vidéo est également disponible en HD sur YouTube.

Paramètres d'export :

  • Plage de couleurs : MPEG
  • Mode balayage : progressif
  • Désentrelacement : YADIF temporel + spatial
  • Interpolation : Lanczos
18
Jun
2023

Lyathara

J'ai repris contact avec Carole à un moment où elle repostait d'anciennes photos d'Yichun et moi. Et spontanément, elle m'a proposé de venir me voir à Dijon. Nous avons fait une petite photo au passage, et cet article est l'occasion pour moi de faire une petite rétrospective des collaborations qui ont ponctué notre lien... qui commence lors de notre rencontre en 2012.

Carole avait alors pour pseudonyme Lyathara. C'était une photographe qui m'intimidait alors que j'étais encore modèle débutante... et c'est elle qui m'a proposé une première "vraie" séance lorsque je me suis coupé les cheveux.

Puis elle m'a proposé une séance en duo avec mon amie Yichun, inspirée du film "Les filles du botaniste". Comme le soulignent discrètement les bandes noires qui les encadrent, ses photos ont vocation à évoquer des scènes de cinéma.

Notre séance suivante était encore un duo, l'occasion pour moi de rencontrer Inès Kozic qui a été un énorme coup de cœur.

Puis enfin, après ces rôles androgynes, elle a souhaité exploiter ma féminité pour nos dernières séances ensemble.

A Dijon, nous avons choisi ma "robe guerrière" et je lui ai proposé une balade au Jardin de l'Arquebuse, dont voici un recadrage.

Photographe : Carole Comtet

28
May
2023

Prendre la pause

Mon cher Edmond m'a envoyé les photos de notre dernière séance à son appartement. J'ai été très touchée qu'il me propose cette composition et ce titre, "Caroline prend la pause", clin d'œil à mes pratiques musicales et photographiques, avec ce décor qu'il a minutieusement préparé avant mon arrivée. Et surtout, cela m'a fait particulièrement plaisir qu'il ait cru en ma capacité à réaliser cette photo... car j'ai rarement relevé un tel défi de précision en studio (il s'agit d'une "vraie photo", sans aucun trucage).

L'appareil photo était immobile sur un trépied pour conserver les lignes parallèles, c'était à moi de placer parfaitement ce signe de pause, sans appui, sans visibilité directe, et sans qu'Edmond puisse me corriger autrement que par des directives orales, puisqu'il devait lui-même garder un œil dans le viseur. Comme quoi, tout est possible en pose, même s'atteler à un exercice de concentration intense sous une attitude décontractée (je n'ose pas dire "naturelle")...

J'adore les nouvelles idées qu'Emond me soumet, à la fois dans la continuité et aux antipodes de nos précédentes séances en noir et vert-gris.

Photographe : Edmond Nowak

20
May
2023

Les derniers coquelicots

Ma douce Marilyne m'avait parlé d'une idée dans un champ de coquelicots. Contrairement aux séries habituelles au stylisme rouge pour faire écho aux pétales (et je plaide coupable), elle souhaitait que je porte une robe blanche qui tranche avec le décor.

Le plan initial était de se rendre au champ en fin de journée, pour de jolis de flares dorés dont Marilyne a le secret. Nous avons bien eu un ciel dégagé, mais aussi, un vent incroyablement fort, qui soufflait sans répit et rendait impossible le port d'une couronne. Marilyne a abandonné l'idée d'attendre le coucher du soleil en réalisant que le contre-jour était plus difficile à gérer sans ses arbres habituels... En revanche, nous avons su tirer parti des extensions de la robe.

Photographe, MUA : Marilyne Dugé

30
Apr
2023

Le réflecteur concave

J'ai rencontré Olivier dans son studio maison près de Chalon-sur-Saône.

Olivier suivait mes travaux de modèles ainsi que le compte Espace Pose sur Instagram, et m'a contactée spontanément suite à un sondage pour me proposer une collaboration, en me proposant gentiment de venir me chercher à la gare de Chalon.

Pour cette première séance ensemble, nous nous sommes mis d'accord pour du portrait. Simple au premier abord... mais c'était l'occasion pour Olivier de tester du matériel. Tout d'abord, un gigantesque réflecteur concave, placé sous le visage pour créer un effet très doux sur la peau.

Nous avons également tenté l'exposition multiple pour un résultat graphique qui rappelle les divinités indoues, mais nous n'avons finalement pas gardé ces clichés dans la sélection finale. Et enfin, nous avons terminé les tests techniques par un éclairage au snoot, avec des gélatines.

Photographe : Olivier B.

25
Apr
2023

Tirages surprises

Ce soir avait lieu le vernissage de l'exposition "D'un regard à l'autre" organisée par le Club UAICF des Cheminots de Dijon, dont fait partie Edmond. Je m'y suis rendue avec Quentin et Marilyne, avec l'objectif secondaire de présenter à cette dernière quelques créatifs comme Edmond bien sûr, mais aussi Ted et Clémentine. Celle-ci n'est finalement pas venue, et dans l'ensemble, l'évènement était peu propice à la discussion avec le monde qui s'y trouvait... Ce qui est, en soi, un signe de succès ?

Edmond m'avait annoncé qu'il prévoyait à cette occasion de traiter des images de notre dernière prise de vue, mais ne les ayant jamais reçues, j'ai supposé qu'il avait changé d'avis... jusqu'à ce que je les découvre, directement sur le papier.

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