21
Dec
2022

Ce que j'ai appris de mon hypothyroïdie

Aujourd'hui commence l'hiver 2022, et nous sommes à exactement six mois du jour où j'ai reçu le résultat des analyses hormonales les plus poussées que j'ai jamais faites. Elles annonçaient une hypothyroïdie assez sévère doublée d'une petite fatigue surrénale, constituant par ailleurs des facteurs certains des récidives de mon SIBO.

Beaucoup de médecins se contentent de mauvais indicateurs

Avant de rencontrer mon médecin fonctionnel actuel, les suspicions d'hypothyroïdie à mon encontre s'arrêtaient après un simple dosage de la TSH (thyroid-stimulating hormone). Non seulement les normes actuelles sont trop larges, mais de plus, une TSH impeccable n'indique rien de la conversion de la T4 (thyroxine, hormone thyroïdienne peu active) en T3 (triiodothyronine, hormone thyroïdienne active). Il convient donc de doser également et surtout la T4 libre, la T3 libre et la T3 reverse.

Ajoutons à cela que tout souci de santé est une affaire de symptômes avant les chiffres. Des analyses sans anomalie ne prouvent pas que l'on a zéro souci, uniquement que l'on n'a rien détecté. Malheureusement, on se voit beaucoup trop souvent dire que tout est dans la tête sur la seule base d'examens encourageants, alors qu'on se tord de douleur, qu'on ne digère plus rien, qu'on se restreint à une demi-vie.

Ce n'était ni le psychologisme, ni le capitalisme

Toute personne m'ayant côtoyée durant ma vingtaine m'a connue dans cet "état ralenti", dans lequel je me trouvais depuis si longtemps qu'il constituait ma norme. Outre tous les symptômes classiques comme le corps froid, les migraines, les douleurs musculaires, le réveil difficile... je me sentais souvent faible, dénuée d'énergie et de volonté, dans une sorte de torpeur permanente. Je culpabilisais d'être un poids pour mes camarades de classe, mes colocataires, mes amis, en me condamnant moi-même à l'impuissance ; mes échecs réguliers entretenaient un cercle vicieux de manque de foi et d'abandon prématuré, dans tout ce que j'entreprenais.

Or, entre la moitié de mon entourage qui attribuait cela à un manque d'ambition et le réduisait à sa dimension psychologique, et l'autre moitié qui ramenait tout au capitalisme et autre coupable systémique, je ne m'étais jamais dit que mon métabolisme était déréglé.

Un trouble mental se soigne aussi par le corps

Bien sûr, ce fameux "état ralenti" était multifactoriel, et il est difficile de démêler certaines corrélations des causalités. Mais il est intéressant d'en isoler certaines pour réaliser le poids de chacune. J'ai commencé à traiter cette hypothyroïdie trois ans après avoir cessé de prioriser la souffrance du monde, deux ans après avoir changé radicalement d'environnement — lieu de vie et entourage. Le gain d'énergie et de bien-être a été impressionnant à chaque étape, et vraiment spectaculaire sur la dernière.

J'en tire aujourd'hui la compréhension de l'écrasante pénibilité ressentie pendant les dix années les plus difficiles de ma vie, et le soulagement d'en être sortie.

10
Sep
2022

Ce que j'ai appris de mon séjour à l'hôpital

J'évoquais dans le précédent article une hospitalisation, voici un résumé du contexte médical avant d'entrer dans le vif du sujet.

On avait vu une iléite terminale lors de l'échographie aux urgences, mais on n'en a jamais identifié la cause, et j'ai d'ailleurs rechuté un an plus tard sans davantage d'information sur ce qui m'infectait. Je raconterai l'errance médicale qui s'est ensuivie dans un prochain article...

Des sophismes lourds de conséquences sur la santé

J'étais végane depuis six ans, et je faisais scrupuleusement des analyses de carences tous les ans pour m'assurer que les choix alimentaires qui accompagnaient cette démarche ne portaient pas atteinte à ma santé. J'ai pu me rendre compte d'une chose en entrant aux urgences : avoir des analyses sanguines impeccables ne prouve pas que l'on est en bonne santé, puisque j'étais littéralement en train de crever. Mesurer des taux dans le sang en dit bien peu sur l'état des os, des muqueuses, des tissus, des intestins... et pourtant la logique voudrait qu'on pense à ces derniers concernant l'impact d'une restriction alimentaire, mais à l'époque, je réduisais l'alimentation aux apports nutritionnels, oubliant que l'aliment est plus qu'une somme de nutriments et que le métabolisme est un acteur primordial dans le processus de digestion.
Je ne me jette pas la pierre outre mesure car ce n'était jamais abordé dans les contenus que je lisais malgré une veille active sur ces questions. L'acidification du corps durant la digestion des protéines animales nous est régulièrement rappelée pour nous convaincre de passer à une alimentation entièrement végétale, pour autant je n'ai jamais vu un seul animaliste évoquer le phénomène opposé que peut provoquer le végétalisme, à savoir l'hypochlorhydrie, avec ses conséquences désastreuses sur la partie haute du système gastro-digestif. De même, on nous bassine avec la présence prétendument suffisante des 8 acides aminés essentiels pour synthétiser nos protéines, mais on n'évoque pas le fait que les cellules épithéliales qui tapissent l'intestin métabolisent directement 2/3 de la L-glutamine qui s'y trouve... un acide aminé considéré pourtant comme "pas essentiel". Je pourrais continuer avec la supplémentation conseillée qui contient la plupart du temps de la vitamine B12 sous une forme que l'organisme stocke mal, souvent la cyanocobalamine, vantée pour sa haute assimilation, au détriment de l'hydroxocobalamine qui renouvelle les réserves de l'organisme au lieu de simplement ralentir leur diminution. Ou sur le fait qu'en cas d'hypothyroïdie, le bêta-carotène n'est plus converti en vitamine A, elle-même nécessaire à la conversion de T4 en T3 et aggravant l'hypothyroïdie, ce phénomène est de plus à la fois cofacteur et conséquence d'un manque de progestérone pour les femmes, avec les troubles que l'on connaît : SPM, adénomyose, endométriose, SOPK...

Toujours est-il qu'à ma sortie de l'hôpital, parmi les nombreux aliments que je ne digérais plus, figuraient l'intégralité des légumineuses et la plupart des céréales. Plus tard, alors que j'assumais enfin de remanger des produits animaux, d'autres personnes que je connaissais dans ce milieu sont venues m'avouer qu'après 5 à 7 ans de véganisme, elles avaient développé des troubles hormonaux et/ou digestifs difficiles voire invalidants, et que comme moi, ayant passé les premières années d'alimentation végétale sans aucun problème, elles avaient conclu que celle-ci ne pourrait plus être un facteur de détérioration de la santé et ont trainé à l'envisager parmi les causes de l'enfer qu'elles vivaient. Nous avons constaté ensemble qu'un changement d'alimentation peut causer des dérèglements durables bien des années plus tard sur l'organisme, du moins les rendre particulièrement propices, et il était naïf de notre part d'en exclure l'idée avec le véganisme, dont la propagation est bien trop récente pour que ses conséquences long terme aient pu être étudiées sur de grands nombres. Le bon sens aurait pu nous faire remarquer que l'on connaît, par ailleurs, bien des facteurs de cancers et autres maladies graves, qui ne toucheront pas toutes les personnes exposées et dont on prévoit les conséquences pour au moins des décennies plus tard. Personne ne dirait que fumer n'est pas néfaste pour ses poumons sur le seul constat qu'il n'a jusqu'ici eu aucun problème respiratoire.

Des contraintes sans impact sur la cause défendue

Un autre aspect lié à cette importante partie idéologique de ma vie à l'époque a sauté en parcourant l'excellent livre Comment réussir à échouer de Paul Watzlawick, prêté par un ami pour m'occuper lorsque je n'avais pas de visite, et qui m'a fait réfléchir sur des exemples de mon expérience personnelle.
Il a été difficile pour moi de le reconnaître, mais je n'avais sauvé aucun animal en étant végane. Dans une économie où le gaspillage est préféré à la pénurie, les produits animaux ne sont pas créés en flux tendu. Si l'on peut identifier l'animal auquel appartenait le corps dont on se repaît, lequel n'est pas tué lorsqu'on mange autre chose ? Est-ce que manger un peu de viande plutôt que pas du tout en changeait suffisamment la demande pour en influencer la production sur le marché ? Malgré le fait que j'ai toujours été arrangeante lorsque je sortais ou me faisais inviter, j'ai eu le sentiment d'avoir seulement érigé de beaux principes en bannière durant ces six ans, avec pour conséquences de créer des contraintes pour la partie de mon entourage qui n'embrassait pas ces principes et me donner une dose de moraline à chaque repas en n'ayant absolument rien changé à la vie d'aucun animal.

Régler mes problèmes avant de sauver le monde

Tout a commencé en réfléchissant sur la partie antispéciste de mon militantisme, et s'est progressivement étendu au reste. Me consacrer aux malheurs du monde était un facteur à la fois d'angoisse profonde et de sentiment d'impuissance, dont la culpabilité était un tourment pour moi, tandis que son poids restait sans effet sur la réalité de l'objet de mes obsessions.

Cette façon de prioriser les choses nourrissait activement ma dépression, j'en veux pour preuve que cette dernière n'a plus jamais refait surface depuis que mon attention est tournée vers ce sur quoi j'ai réellement un pouvoir d'action.