29
Feb
2024

Sombre été

Cette séance date de l'été dernier, et je peux enfin en partager le résultat.

Romain m'avait aimablement contactée, en me proposant une rencontre préalable à toute séance, alors qu'il faisait le déplacement depuis le Jura. C'était un agréable moment à discuter de nos visions, et nous nous étions amusés de l'écart entre les croyances de l'un sur certaines figures photographiques françaises, et ce que l'autre en connaissait réellement.

Je me rappelle que cette rencontre avait eu lieu peu avant que le compte Instagram d'Espace Pose soit créé, car j'avais fait part de certains doutes à Romain. Et si nous avions mis tant de temps à caler une date ensuite, c'était parce les deux thèmes que nous envisagions ne pouvaient être shootés qu'aux beaux jours.

Finalement, nous avons programmé le deuxième que Romain m'a proposé : une série d'inspiration fashion / gothique / fleurie, mise à exécution au charmant Jardin de l'Arquebuse.

J'avais chaud, très chaud... mais je suis ravie du résultat. Particulièrement sur les clichés en couleurs.

Photographe : Romain Baud

21
Feb
2024

外婆

En Chine, on ne place pas nos aînés en maison de retraite, ils vivent avec leurs enfants et élèvent avec eux leurs propres enfants.

La grand-mère qui m'a élevée est partie brutalement la semaine dernière, auprès de mes tantes à Wuhan. Nous n'avons pas pu lui dire au revoir, nous ne pourrons pas déposer d'offrandes sur son autel, et surtout, pour la première fois de ma vie, je dois vivre le deuil sans pouvoir me recueillir devant la dépouille.

J'ai échangé avec une demi-douzaine de personnes ayant elles aussi perdu quelqu'un sans pouvoir voir le corps. Des histoires poignantes et des regrets.

Le meilleur conseil que j'ai reçu m'a été donné par ma cousine Cécile : faire le deuil dans la matière. S'il n'est que dans ma tête, comme une théorie qu'on pourrait remettre en question, je ne pourrais pas rompre le cycle progressivement infernal des périodes où la personne ne semble pas vraiment partie suivies de celles où je réalise à nouveau son départ.

Alors, je prévois d'organiser des funérailles chez moi, seule, en me représentant son corps au travers d'un portrait tiré sur du papier de soie. Et pour m'adresser à elle dans la seule langue que l'on a partagée, je réapprends le mandarin en chantant des comptines chinoises.