19
Oct
2022

La citation favorite

19 Oct 2022

Je me suis livrée à l'exercice de donner sa citation préférée, lancé par Mathilda Shaffter.
Un défi aux airs simplistes et faussement profonds en raison de ses objectifs marketing... mais ô combien prise de tête lorsqu'on réfléchit très sérieusement à celle que l'on va sélectionner.

Lors de ma quête d'affirmation adolescente, j'aurais sans doute choisi celle-ci de Victor Hugo :


Un lion qui copie un lion devient un singe.

Lors de ma vingtaine vindicative, j'aurais certainement choisi celle-ci d'Alejandro Jodorowsky :


Un oiseau né en cage pense que voler est une maladie.

Et aujourd'hui... je navigue entre celles qui évoquent l'enracinement, celles qui motivent le dépassement de soi, celles qui appellent à la paix... Si je retiens toujours l'essentiel de ce que je lis et écoute, j'oublie souvent trop vite ce que j'aurais aimé répéter ou retrouver plus tard dans sa formulation exacte. J'ai d'ailleurs commencé à me coder un petit calepin numérique pour y noter, entre autres, mes pensées volantes, pour palier à ces regrettables manques de ma mémoire.

En attendant, aujourd'hui, je choisis celle-ci de Sénèque :


Pendant que l'on attend de vivre, la vie passe.

16
Oct
2022

Portraits de rencontre : Amélie

La douce Amélie est venue à ma rencontre pour quelques portraits. J'avais vu passer son regard énigmatique sur le fil de JC, et j'ai été ravie qu'elle réponde à mon annonce de recherche de modèle à rencontrer pendant mes vacances.

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La voir en chair et en os m'a apporté autant de questions que de réponses à son sujet. Amélie est grande, Amélie est discrète, Amélie est luminescente, Amélie est vaporeuse, Amélie est spectaculaire. Un mystère entre la femme et l'enfant, la nymphe et la poupée, l'élégance et la sauvagerie, la lasciveté et l'innocence.

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Modèle : Amélie Landriot

15
Oct
2022

L'utilité de la futilité

Durant mon dernier passage à Lyon, un ami évoquait différents chevaux de bataille de sa petite amie, dont le rejet de tout signe de superficialité, illustré par l'exemple des cheveux longs.
C'est vrai, lui dis-je, les cheveux longs, c'est futile, c'est beaucoup d'entretien et d'attention, cela divertit de ce qu'on a de plus important à faire.

Mais de mon côté, c'était une diversion utile.
Alors que ma maigreur devenait un rappel constant de ma santé déplorable, soigner mes cheveux était la dernière connexion agréable que je pouvais entretenir avec mon corps, et les voir pousser était un espoir que je n'étais pas complètement foutue.

Bien sûr, comme toujours, c'est la dose qui fait le poison.
J'ai été, plus jeune, complètement obsédée par mon grain de peau après des années d'acné sévère, et tout ce temps passé à scruter mon visage aurait pu être consacré à, au hasard, apprendre une langue.
Le temps, l'argent et l'énergie que certains proches investissent dans des activités qui ne leur font aucun bien significatif au-delà d'un seuil franchi depuis longtemps, est un gâchis qui me désole
Tout comme je déplore que tant de personnes qui ne s'aiment pas, concentrent leurs efforts sur leur apparence ou leurs possessions matérielles.

Le futile immodéré est un symptôme de déni de la gravité de nos soucis, de fuite des responsabilités qui nous incombent, de superficialité.
Mais avant ce stade, le futile est une interruption de nos difficultés qui les allège, une pause qui recharge notre réserve de courage, une aide à patienter à l'extérieur en attendant que cela s'arrange à l'intérieur.

Je suppose que le principal est d'éviter, en voulant adoucir le voyage, d'entamer un si grand détour du chemin escarpé qu'on en finit à contresens.

12
Oct
2022

Chez Bertrand

Durant mon dernier séjour à Lyon, Jérôme est passé pour quelques photos esprit rétro, chez mon ami Bertrand où j'étais hébergée. C'était notre troisième séance ensemble, et l'occasion de faire le point sur notre évolution à chacun depuis la précédente, il y a deux ans.

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La dernière fois que j'avais vu Jérôme, donc, j'étais dans l'errance médicale, avec un début d'amaigrissement inexpliqué. Je me sentais aérienne, presque transparente. Cette fois, je me suis sentie ancrée.

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La difficulté de faire des photos dans un appartement, c'est de trouver des endroits avec à la fois une jolie lumière et assez de recul, mais nous avons relevé le défi près de la baie vitrée et en face.

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J'ai eu le cœur un peu serré en voyant les aperçus. Je me laisse pousser les cheveux depuis ma sortie de l'hôpital il y a trois ans, je m'étais dit à l'époque que je les couperais lorsque je serais guérie. Aujourd'hui, ils m'arrivent presque à la taille.

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Je vous laisse avec un bonus de notre séance précédente, il y a deux ans.

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Photographe : Jérôme Kubiaczyk

09
Oct
2022

Les chevaux de Valforêt

J'ai découvert les travaux de Didier lorsque mon amie Flo a dévoilé leur collaboration esprit steampunk. Il était fort occupé lorsque je l'ai contacté pour le féliciter, mais m'a proposé de poser moi aussi avec ses chevaux. Il a fallu attendre que nos agendas respectifs se libèrent, que la météo soit avec nous... et finalement c'est arrivé presque à l'improviste, l'avant-veille de l'équinoxe d'automne.
J'avais occasionnellement monté des chevaux durant mon enfance et mon adolescence, cependant c'était la première fois que j'en côtoyais pour des photos. Cette séance s'annonçait assez physique, mais j'étais rassurée par mes propres capacités depuis celle dans l'eau avec Marilyne quelques jours plus tôt, et par les messages prévenants de Didier.

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Une fois sur place, nous avons attendu que les six chevaux nous remarquent et viennent à nous. Arizona est la première à m'avoir approchée et touchée. Mon contact avec elle s'est instantanément bien passé, c'est donc elle qui a été élue pour les premiers clichés dans les bois.

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De retour à la prairie, Didier m'a proposé d'attendre le coucher du soleil entre Coralie et Chouchat. Il est fort hasardeux d'interagir avec de tels êtres indépendants, dont un seul mouvement de tête peut vous envoyer valser, mais c'est ce qui rend particulièrement magique la connexion que j'ai pu partager avec eux.

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Le moment le plus touchant pour moi a été celui où Caalys, la jolie petite jument grise dont j'avais été prévenue du caractère pas forcément facile, est venue vers moi.

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Au-delà des souvenirs en images avec les chevaux, c'était une après-midi dépaysante, à la fois éprouvante et reposante, comme si ce bout de nature m'ouvrait vigoureusement les bras avant de les serrer avec douceur. Je suis très reconnaissante envers Didier de m'avoir accueillie dans son coin de paradis et de m'en avoir conté mille petites histoires.

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Photographe : Didier Jury

07
Oct
2022

L'amitié impossible

Je reviens de trois jours intenses à Lyon, durant lesquels j'ai vu des personnes que je ne pensais plus côtoyer après mon départ de cette ville, et évité des personnes que je pensais compter parmi mes proches pour des décennies.
Ils ont été le point culminant de plusieurs mois où se sont enchaînés sentiments d'empathie et de frustration, de colère et de compassion, de confiance et de trahison, d'esseulement et de compréhension ; se heurtant tour à tour aux paroles mais surtout aux actes d'un autre.

Le poids des mots

Je crois en la communication, la compréhension mutuelle, tous les gages de connexion et d'acceptation de l'autre... lorsque les mots ont un sens, et que celui-ci leur confère un poids.

Je veux bien des amis qui croulent sous les problèmes et me disent être trop submergés pour rester positifs ou même présents.
Je ne veux pas des amis qui romancent un bonheur factice et attendent de moi que je devine leurs véritables ressources.

Je veux bien des amis qui ferment souvent les canaux de communication pour se recentrer, et ne les rouvrent que lorsqu'ils sont disposés à y accueillir les autres.
Je ne veux pas des amis qui s'engagent régulièrement dans des promesses qu'ils ne tiendront pas, et ne me préviendront pas que je compte en vain sur ce que je crois être un simple retard de circonstances.

Je veux bien des amis qui voient le verre à moitié plein dans une épreuve et rapportent un réconfort tangible du premier dans l'appréciation de la seconde.
Je ne veux pas des amis qui inventent de l'optimisme lorsque ma situation s'aggrave, et se disent contents pour moi lorsque j'indique être blessée, triste ou en colère.

Je veux bien des amis qui commettent des erreurs, beaucoup d'erreurs, sans se départir de leur responsabilité dans les conséquences.
Je ne veux pas des amis qui en lieu d'excuses, se cachent derrière leurs difficultés pour m'en créer et assument de me tirer vers le bas.

La fin sans annonce

Forte de ce constat après observation de mes actuelles amitiés à distance, je réalise que certaines que je croyais possibles ne le sont pas, et que je n'ai même pas de canal où l'exprimer lorsque le fossé est trop grand.

Comment quitter quelqu'un qui nous a déjà abandonné ?

C'est le plus douloureux pour moi, ne pas pouvoir dire adieu avant de lâcher prise sur le devoir de loyauté que je m'impose ; mais je pourrai bien passer à autre chose, ce sera seulement un peu plus long.
Comme je l'ai dit à un ami qui m'a soutenue tout le long de cette peine,

Le plus important n'est pas qu'elle comprenne, mais que j'avance.

Précieuse confiance

C'est sans doute un grand cliché de la vie relationnelle, mais je crois qu'il est bon de concentrer son attention sur les bonnes surprises pour finir le deuil des déceptions.

Si la première amie à laquelle je voulais livrer l'identité d'un agresseur, dont j'ai porté seule l'anonymat la majeure partie de ma vie, a trahi sa parole et fini de briser la confiance que j'avais envers sa prévenance, j'ai malgré tout osé renouveler la démarche avec d'autres, qui ont réagi avec une grande bienveillance.

Me savoir entourée de ces personnes qui m'ont apaisée et permis un pas vers la délivrance, constitue le plus grand trésor que je ramène à la maison.

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