05
Jun
2025
L'étincelle de vie
05 Jun 2025
Le 29 mars dernier, j'ai publié une annonce dans laquelle je recherchais des photographes pour immortaliser, courant mai, cette période toute spéciale qu'est la gestation de mon premier enfant. Pour chacune des trois séances que j'avais en tête, j'énonçais l'esprit souhaité ainsi que la tenue prévue. Enfin, je terminais par une demande de portfolio et de grille de tarifs.
Cette annonce avait été rédigée d'autant plus méticuleusement que pour la toute première fois, j'allais poser pour des projets bien à moi, qui comptaient plus que tous ceux pour lesquels j'ai été modèle. Il était crucial que chaque photographe vibre avec mon idée.
Certes, ma requête était exigeante, mais ayant posé pour des dizaines de photographes professionnels qui m'ont fait part de leur ennui dans les séances grossesse "classiques", j'étais persuadée que les statistiques étaient de mon côté et que les trois photographes idéaux répondraient à mon appel.
Aussi, quelle ne fut pas ma déception lorsque, sur la quinzaine de sollicitations reçue, une seule m'a semblé sérieuse. Une seconde était irréaliste : un photographe s'attendait à ce que je passe huit heures dans les transports pour le rejoindre dans son studio. Toutes les autres ressemblaient à des messages automatiques, impersonnels au possible : des tarifs encadrés de quelques politesses plus ou moins lapidaires, sans un mot pour l'une des directions artistiques que je proposais, ne serait-ce que pour confirmer les affinités nécessaires. Pire, la plupart semblaient considérer qu'il s'agissait d'une seule et même séance, comme s'ils trouvaient normal une femme enceinte pose une journée entière, dans trois lieux différents.
Résultat : tous étaient dans mon budget, aucun ne m'inspirait confiance.
Je me suis résignée à ne faire qu'une séance sur les trois, celle en nature avec mon cher Eric Monnier, et je me suis rendue à l'apéro-photo du mois d'avril en prévoyant de fixer une date et un lieu avec lui.
J'ai eu l'heureuse surprise d'y croiser également Olivier, qui après une longue discussion, m'a proposé de faire ensemble la plus technique des trois séances, celle en studio.
En voici le moodboard écrit :
L'étincelle de vie. Deux noyaux fusionnent pour accueillir une âme. Une galaxie en devenir, qui éclaire déjà l'Univers de sa première étoile.
Malgré son emploi du temps chargé, Olivier a eu l'extrême gentillesse de venir jusque chez moi avec tous ses éclairages, le 2 mai. Il m'avait prévenue qu'il ne pourrait rester que deux heures. J'ai repassé et fixé mon fond en tissu vert bouteille la veille, ainsi que préparé ma machine à fumée et des vaporisateurs.
Ma principale inspiration visuelle était l'une de mes statues préférées du musée du Louvre : la Vénus d'Arles, avec ses drapés et ses gestes délicats, auxquels je souhaitais ajouter des fruits pour symboliser la fertilité. Le matin-même, après avoir fixé mes ondulations, je suis donc allée acheter des prunes, des framboises, des raisins et un melon pour que nous ayons le choix des gabarits et des couleurs. En arrivant, Olivier m'a proposé une installation d'éclairage en douche, dont le contraste vertical était parfait pour sculpter le visage tout en accentuant les volumes.
Olivier et moi avons toujours très bien fonctionné ensemble, et cette cinquième séance a été particulièrement efficace du fait de l'anticipation complète de chacun à son rôle. Les essais ont duré quelques minutes, le temps de choisir le meilleur profil et de découvrir quel fruit serait le plus photogénique. Le plus laborieux fut ensuite de maintenir la robe humide pendant une heure, et d'adapter mes postures habituelles pour mettre en valeur mon ventre rond. Autant dire que la moitié de mes réflexes de gainage étaient obsolètes !
Je ne remercierai jamais assez Olivier pour sa générosité, sa bonne humeur, son savoir-faire et son investissement, qui ont permis que cette série existe aujourd'hui.
Photographe : Olivier B.