J'ai 32 ans aujourd'hui. Je les ai célébrés autour d'une belle table au Médiéval.

J'aurai une consultation en fin d'après-midi pour faire le point après mon dernier test respiratoire. Je ne suis toujours pas guérie, je ne m'autorise toujours aucune consommation d'alcool, mais c'est déjà réconfortant de pouvoir faire des écarts alimentaires occasionnels sans finir alitée. J'aime la Bourgogne, sa gastronomie, ses spécialités au cassis.

J'ai reçu les photos de la séance que j'ai faite avec Mikael, un jour de canicule en mai dernier dans son charmant appartement à Chenôve. Mikael est le troisième photographe que j'ai rencontré dans la région.

C'était une séance délicate pour moi, car mon rapport à mon corps était alors très instable. On avait enfin trouvé la cause de mon amaigrissement continu depuis plus d'un an, à savoir un parasite, dont l'éradication m'a permis de me remplumer... mais ça a tout de même été 10kg d'un coup, pour arriver brutalement au poids le plus lourd que j'ai jamais pesé. Si je ne supportais pas la vision de mes os et de mon visage émacié auparavant, j'étais désormais déconcertée par ces nouvelles formes, et je me suis rarement déshabillée avec autant de pudeur.

En plus de partager des expériences très intéressantes ainsi qu'un bon moment de dérision sur les modèles peu sérieuses de Dijon, Mikael s'est accordé à mon souhait de faire de la lingerie davantage typée mode qu'érotique.

Je lui faisais confiance car son travail autour du corps de la femme, nu ou orné de dentelle, a toujours une part recherchée d'élégance, ce qu'il m'a confirmé lors notre premier échange :

Une photo peut être sensuelle voire très sensuelle, revêtir même éventuellement une touche de provoc. Mais jamais au grand jamais elle ne doit être vulgaire ou gratuite...

Photographe : Mikael Roubineau

Marilyne m'ayant montré un joyeux enthousiasme quant à participer à mes travaux photographiques, je l'ai conviée au studio pour mon habituelle rencontre-portraits préliminaire à toute série plus travaillée, durant laquelle nous avons prolongé la conversation de notre séance dans l'eau. Pour moi qui adore les yeux bleus, les boucles et les peaux diaphanes, ces portraits ont été un petit bonheur.

Nous nous sommes à nouveau vues autour d'un don chez Ramen by Origin la veille du jour où je lui ai envoyé les portraits terminés. Je lui ai fait part de certains de mes projets que je l'imaginais bien incarner.

Au-delà de la réciprocité de l'intérêt à travailler ensemble, ce qui m'a fait particulièrement plaisir, c'est que Marilyne sait l'engagement physique que peut représenter une photographie et en a le courage. Je n'ai pas encore décidé de si je tenais à faire ma prochaine série dans un lac, mais l'entendre proposer d'elle-même de s'y baigner m'ouvre des possibles que je n'osais plus envisager.

Modèle : Marilyne Dugé

Je suis entrée en contact avec Marilyne suite à une annonce sur Facebook, il y a quelques mois. Elle recherchait des modèles pour des projets personnels qu'elle maquillerait et photographierait. Elle est revenue vers moi cet été avec des inspirations oniriques dans l'eau, j'avais peur de ne pas avoir retrouvé assez d'endurance pour une telle séance mais je lui ai donné mon feu vert, et je ne regrette absolument pas.

Nous avons dû avorter la prise de vue en entendant l'orage arriver, mais je suis ravie de toute l'après-midi passée ensemble. Marilyne est une artiste incroyablement inspirée et créative, une entrepreneuse pleine de volonté et une personne exquise.

Ma préférée est cette dernière, avec sa petite touche macabre d'inspiration Victoria Francés que nous adorons toutes les deux.

Photographe : Marilyne Dugé

L'autre jour au téléphone, ma mère plaisantait sur le fait que je pouvais moi aussi "avoir mon caractère" au niveau relationnel. Je l'ai alors informée très sérieusement que je suivais une psychothérapie en parallèle de ma médication, car les maladies digestives ne se soignent pas dans l'anxiété ou la colère.

Je n'attendais pas de retour particulier, mais elle a abordé sa propre évolution dans sa gestion des émotions. Elle m'a expliqué que ce travail que je faisais pour guérir, elle le faisait car l'âge passant, chaque accès de colère l'épuisait toujours davantage, au minimum plusieurs jours d'affilée.
Et elle m'a cité ce proverbe :

生气
就是在拿别人的错误来惩罚自己

En français : être en colère, c'est se punir pour les erreurs des autres.

Je suis une perfectionniste depuis toujours, ce qui a pour inconvénient notable d'accroître considérablement mes difficultés chaque fois que je débute complètement quelque part. Pour contrer un peu cela et me permettre de commencer à zéro avant de progresser, à chaque célébration de ma naissance, je me vois lancée dans un nouveau défi à accomplir pour l'anniversaire suivant, afin de me forcer à sortir de ma zone de confort et en assumer le résultat même très imparfait.

Pour mes 31 ans, il s'agissait de me filmer, peu importe le sujet. J'avais alors montré une vidéo de moi jouant l'Arabesque n°1 de Claude Debussy au piano.

Cette année, pour mes 32 ans, il s'agissait de monter une vidéo, peu importe la manipulation de montage tant que cela dépassait le fait de sélectionner le début et la fin du fichier.
J'ai eu l'idée en nettoyant ma salle de bain inutilement spacieuse, de faire un montage devant son joli miroir, avec mon propre reflet qui chanterait une deuxième voix.
J'ai repris "Golden Green" d'Agnes Obel, qui chante la mélancolie comme personne.

Evidemment, je vois déjà énormément de défauts, à commencer par l'exposition changeante entre les deux prises. J'ai donc ajouté une petite retouche de colorimétrie au passage, ce qui m'a rassurée sur l'accessibilité de la discipline pour mon petit cerveau.

Le plus difficile a été d'exposer ma voix. Elle est ce que je considère de plus intime, comme si elle pouvait trahir mes pensées et mes émotions les plus profondément enfouies. Je me suis parfois filmée avec le téléphone, en m'accompagnant au piano ; le chant a capella m'a demandé davantage de courage et de lâcher prise, mais je commence à apprécier mes progrès en écoutant ma voix nue.