25
Feb
2023

Portraits de rencontre : Chloé

Il y a un mois, Chloé est venue au studio. Elle avait répondu timidement à une annonce où je recherchais une blonde aux cheveux longs, et nous avons pris le temps de prévoir cette séance de rencontre après ses partiels.

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J'avais déjà vu passer plusieurs photos d'elle, prises par divers contacts communs. Tous me l'avaient chaudement recommandée, et pour cause, Chloé est d'une présence très chaleureuse, une force tranquille pimentée dans la conversation par un esprit vif, et dans les portraits par un regard incroyablement intense.

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Je lui suis particulièrement reconnaissante de sa patience ; nos photos ont été prises peu avant le début du projet Espace Pose, qui m'a très vite grignoté mon temps libre et retardé tout ce que j'avais déjà en cours. Au final, ces portraits ont constitué une pause agréable au milieu des rushs, et une introduction prometteuse à nos prochaines collaborations.

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Modèle : Chloé Massieux

21
Feb
2023

Le sens de l'honneur

21 Feb 2023

Ce weekend, il s'est passé un incident diplomatique typique des réseaux sociaux. Un fantôme du passé a ressurgi avec une histoire peu importante, si peu importante que je n'avais pas pris la peine de la clore en lui donnant à l'époque les véritables tenants et aboutissants. Cette fois-ci, je ne me suis pas privée de donner le fond de ma pensée, et d'ailleurs cela a dégénéré exactement comme je l'aurais craint autrefois.

Mais que craignais-je exactement ?

Autour de mes 25 ans, dans un sursaut de dignité qui a caractérisé presque toutes les sphères de ma vie, j'ai voulu donner un poids indiscutable à mes mots, en tenant systématiquement parole. Même lorsque je réalisais qu'une personne abusait de mon temps, sans gratitude pour mon travail ni considération pour ma personne, je m'accrochais à ce qui me restait de respectabilité en restant irréprochable dans mon engagement... Du moins le pensais-je. Mon amour-propre était bel et bien blessé du manque de sérieux avec lequel on accueillait ce que je ressentais, faisais et exprimais ; et j'appliquais probablement une ultrasolution, pour reprendre le concept de Paul Watzlawick.

Aujourd'hui, incarner un martyr ne m'attire plus du tout. Ma dignité est aussi dans la réciprocité des rapports que j'entretiens, auxquels je n'hésite plus à mettre fin lorsque leur unilatéralité se manifeste à répétition. Mon honneur est aussi d'abandonner un contrat que j'étais la seule à honorer, que je ne pouvais même pas trahir si mon interlocuteur n'avait jamais daigné le signer.

Malgré tout, les escrocs égotiques que j'ai côtoyés avant de prendre ces résolutions salvatrices peuvent encore revenir vers moi, ignorant que dans nos derniers échanges, je faisais un sourire de façade et non de bonne grâce. C'est ma croix pour n'avoir pas appris cette leçon plus rapidement, et je m'attellerai à l'alléger à chaque rappel.

16
Feb
2023

La direction du regard

Dans une heure sort le premier tutoriel d'Espace Pose. C'était la publication la plus difficile à produire de ce mois, puisqu'il s'agit d'une vidéo, et que mes compétences en montage se limitaient jusqu'ici à aligner deux plans où je chantais a capella.

Le tournage des plans avec Marilyne a eu lieu mercredi dernier, ce qui me laissait ensuite une semaine. Comme toujours, la fiabilité et la bonne humeur de Marilyne ont été un moteur et un réconfort tout le long de ce plongeon dans l'océan du doute. Elle a mis son studio à disposition et concocté une sympathique scénographie à partir de mes quelques directives (jolie chaise, table décorée, rideaux rouges et fond sombre). Elle également su répondre à mes frustrations techniques avec patience et pragmatisme, notamment en me prétant son 24-70mm. Enfin, c'était une modèle parfaite.

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La montagne que je me faisais de la suite, était constituée des schémas, du montage final, et des imprévus en triant les rushs. Et bien entendu, ces derniers n'étaient pas comme je me l'imaginais, malgré les doubles vérifications pendant la prise de vue. Alors voici les deux erreurs que je retiens de ne pas reproduire :

  1. laisser la balance des blancs automatique pendant la vidéo
  2. oublier que prendre une photo pendant une vidéo implique de couper cette dernière pendant quelques secondes

J'ai manqué de précautions à ces égards, cependant je peux me féliciter d'avoir réussi à faire feu de tout bois.

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J'ai utilisé Canva pour les schémas, l'idée m'étant venue en exportant par erreur un carrousel au format vidéo. Voici le processus entier :

  1. sur Shotcut : trier et redresser, decadrer, rééquilibrer les couleurs des rushs et les numéroter, en leur donnant des durées rondes
  2. sur Canva : dessiner les schémas avec les animations
  3. sur Canva : ajouter les plans filmés entre les schémas, écrire les textes et ajuster la durée des schémas en fonction de la durée de leur prononciation (lire à voix haute en regardant l'aperçu)
  4. sur Canva : dupliquer les schémas en fonction des textes à afficher
  5. sur Canva : noter en commentaires les plans filmés qui doivent être découpés (s'ils sont lus en plusieurs fois)
  6. sur Shotcut : scinder les plans filmés notés sur Canva
  7. sur Canva : remplacer les anciens plans filmés par ceux découpés, avec les textes de chacun
  8. sur Canva : exporter chaque ensemble de vues au format mp4
  9. sur Shotcut : faire le montage final avec les exports de Canva en créant les transitions de 2/5s (00:00:10 dans l'échelle)
  10. sur Shotcut : ajouter la musique et ajuster la durée de l'intro et de l'outro en fonction
  11. sur l'enregistreur vocal Windows : enregistrer la lecture à voix haute des textes
  12. sur Shotcut : ajouter la voix off et ajuster les fondus d'entrée, le gain/volume et la normalisation à deux passes pour que crête-mètre audio reste entre -7 et -25

Je voulais de la musique de chambre pour toutes les vidéos, des instruments distincts qui se répondent comme un petit groupe de personnes, à l'image des futurs ateliers pratiques. Ici, il s'agit du quintette de Villa-Lobos, mouvement II - Lento.

Modèle, MUAH, scénographie : Marilyne Dugé

01
Feb
2023

L'eau qui dort

Depuis très longtemps, je me perçois comme quelqu'un d'absolument monotâche. Sur l'instant bien sûr, avec l'incapacité de gérer deux choses simultanément, mais également d’organiser et prévoir deux projets à la fois dans un environnement donné.
Par exemple, dans le cadre de mon travail, je m'occupe à la fois du développement du frontend de notre produit et de l'automatisation des tests end-to-end. Cette dernière ayant un cycle de mise à jour très long, elle me laisse le temps de bosser sur le premier pendant les builds de plusieurs heures... sur le papier, puisqu'en réalité je n'arrive pas à passer de l'un à l'autre sans perdre un temps monstrueux de remise en contexte.
De même, sur une période de plusieurs jours, voire de plusieurs semaines, il m'est difficile de me consacrer à plus d'un projet artistique à la fois. C'était d'ailleurs une précaution arrangeante d'espacer les séances photo pour me laisser le temps de récupérer, puisque cela me permettait aussi de finir de traiter chaque séance avant de passer à la suivante, avec tout ce que ça implique de réflexion et de préparation mentale en amont comme en post-prod.

Or, si j'ai pu affirmer fermement à mes collègues qu'il valait mieux que je ne fasse pas du tout de frontend le temps de stabiliser les tests end-to-end, dans le cadre de mes projets personnels, il fallait également que je sois intransigeante pour me laisser le temps de travailler ce qui prend du temps : la musique. Pour préparer une simple reprise, l'écrire, m'entraîner techniquement sur le plan musical, enregistrer et arranger la vidéo, j'ai besoin d'au moins une bonne semaine complète... dont je ne dispose jamais, puisqu'une séance photo est si vite calée un mercredi ou un samedi.

Alors je tente pour ce premier semestre de ne prévoir aucune séance en tant que photographe un mois sur deux : février, avril, juin.

Cela devrait suffire, un mois entier, pour consacrer des après-midi entières à exercer ma dextérité et m'enregistrer... sauf que mon mois de février démarre avec ma dernière séance de portraits de rencontre toujours en cours, puisque je n'ai pas pu m'en occuper durant mon déplacement professionnel la dernière semaine de janvier et que j'ai entre-temps lancé mon projet Espace Pose.

Alors, que conclure de cette frénésie créative ? J'ai beaucoup d'envies et plein d'idées, assez de motivation pour me passer de la validation (généralement absente) de mon conjoint, suffisamment d'autodiscipline pour avancer bon gré mal gré tout ce qui repose sur des images fixes... mais toujours pas l'organisation qui me permettrait de jouer les reprises que j'ai écrites au nouvel an.

Je réalise parfaitement que je délaisse le plus important au profit du plus urgent, mais je bute sur le moyen concret de changer cela.

20
Jan
2023

Portraits de rencontre : Clémentine

J'ai rencontré Clémentine la semaine dernière. Elle m'avait contactée suite à mon annonce pour mes projets photographiques de 2023. J'imaginais un duo aux interactions inspirées d'ombres chinoises, pour lequel j'avais ma première modèle, et je cherchais donc une deuxième personne de morphologie similaire.

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Clémentine s'est révélée être une compagnie très douce, apaisante, en dépit de sa curiosité semi-dissimulée et des éléments de vie instables. Elle fait désormais partie des intéressées par mon idée d'ateliers pour modèles.

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Modèle : Clémentine Huet

16
Jan
2023

Intuition et préjugés

Comme à tous les enfants éduqués pour devenir des adultes civilisés dans une société multiculturelle, on m'a appris que le préjugé était quelque chose de bête et mauvais. Et j'avais toutes les raisons de le penser car, à cette lointaine époque où mon frère et moi-même étions les seuls enfants asiatiques de la ville où nous grandissions, j'ai connu très tôt les surnoms moqueurs liés à mes origines, donnés par des enfants qui ne connaissaient parfois même pas mon prénom.

Alors de manière générale, je me disais qu'il ne fallait rien conclure sur quiconque au premier regard. Qu'il fallait avoir échangé dans de nombreuses conversations et partagé des expériences au sein d'activités communes, avant de prétendre pouvoir cerner les contours de sa personnalité, et développer une opinion pertinente.

Or, cela impliquait également de ne pas écouter cette sensation dans le ventre, ce mal-être indescriptible ou cette lumière intérieure qui me disaient à tour de rôle que je devais côtoyer davantage ce total inconnu ou ne surtout pas adresser la parole à cette amie d'ami.
D'ailleurs, les quelques fois où je les suivais, je pouvais découvrir plus tard que j'avais eu tort, alors à quoi bon leur accorder le moindre crédit ?

Durant ma vingtaine, années d'exploration de milieux variés en parallèle de mes études un peu chaotiques, j'étais une grande adepte de la déconstruction.
J'adorais tester les personnes que je rencontrais sur la racine de leurs idées pas si réfléchies, de leurs acquis pas si solides, de tout ce qui fondait leur modélisation du monde et de l'autre. Je tirais une grande satisfaction à illustrer la dénonciation des stéréotypes avec ma propre personne, une femme dans un métier d'homme.

Et puis, j'ai bien fini par tomber sur des personnes qui assumaient de n'avoir aucune démonstration logique à me donner... et auxquelles le temps donnait raison.

Aujourd'hui, j'écoute davantage mon intuition, du moins les fois où elle hurle déraisonnablement ; car toutes les rencontres où j'ai ressenti un rejet énorme face à quelqu'un, ont été suivies quelques mois plus tard d'un acte d'une grande lâcheté, une trahison dont la bassesse semblait pourtant inimaginable aux yeux de notre entourage commun.

J'ignore souvent quel est le chemin emprunté dans mon inconscient pour me dire de fuir une situation qui ne présente vraisemblablement rien de dangereux... Toujours est-il que face à l'inconnu, il y a une différence notable entre l'intuition d'un adulte et les préjugés d'un enfant : l'expérience.

Finalement, une intuition fiable ne se développe-t-elle pas en cumulant de nombreux préjugés ?

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