12
Aug
2023

L'acceptation

Au terme d'un été chargé d'imprévus durant lesquels plusieurs personnes que je voyais comme des alliés m'ont énormément déçue, j'ai vu la psy merveilleuse qui me suit depuis le début de mon processus de guérison à Dijon. Je lui ai dit que j'avais conscience des réminiscences de trahisons passées que ces évènements provoquaient, mais que malgré tout, il s'agissait de personnes différentes. Je pensais m'être mieux entourée depuis, « mieux » signifiant un ensemble de critères d'honnêteté et d'alignement entre les paroles et les actes.

De cette session sous le signe de l'Ange Bleu est sorti un mot : accepter.
Accepter que les autres n'ont pas toujours le courage que je leur prête. Accepter qu'il se passe d'autres choses en eux que ce qu'ils me racontent. Accepter qu'ils ne sont finalement pas à la hauteur de ce que je leur ai confié.

Cette acceptation n'est pas contradictoire avec un changement de considérations en conséquence, ou des mesures adaptées à une situation nouvelle. Elle est le vecteur de paix pour cesser de ressasser inutilement ce que je cherche à comprendre jusqu'à l'obsession. Tout a un sens, même si je ne le saisis pas : un acte de foi et d'humilité pour lâcher prise et avancer.

10
Aug
2023

Géométrie des textures

Ce soir sort le quatrième tutoriel d'Espace Pose, qui a désormais sa playlist sur YouTube.

Je crains toujours le syndrome de la page blanche lorsque je planifie un nouveau tutoriel, et il s'est particulièrement manifesté ici. Pourtant, j'avais plein de choses à dire sur la photo de mode, intimidante de prime abord par le prestige autour du luxe auquel elle est souvent associée. Mais sous ses airs élitistes et ses codes carrés, elle offre un levier qui permet de libérer une créativité délirante et est en réalité parfaitement accessible au modèle moyen... à condition qu'il y croie.

Pourquoi la page blanche dans ce cas ? J'avais un carnet rempli de croquis et de notes... dont je ne trouvais pas encore le fil conducteur.

Suite à la précédente vidéo sur les poses liées au dos, je souhaitais maintenir une alternance d'angles d'attaque entre l'anatomie et le type de photographie. La mode, tout le monde connaît, tout le monde rêve d'en faire, et tout le monde en a peur au début... Il était inimaginable que je ne l'aborde pas prochainement. J'ai donc fait comme je fais toujours lorsque je doute : plutôt que d'attendre d'être prête à 100%, je prépare ce dont je suis déjà certaine, et je fais confiance à l'avenir pour m'aiguiller sur la suite quand le moment sera venu. Cette confiance est d'autant plus importante que je dois l'inspirer aux personnes qui me suivent dans l'aventure, et c'est impensable si je ne la ressens pas moi-même. Heureusement, ayant toujours réussi à terminer mes petits tutoriels, la pensée que ce que j'entreprends est toujours à ma portée devient de plus en plus naturelle.

Je m'accroche à cette idée que j'ai partagée à Marilyne lors de notre dernier tournage (dont je vous parlerai prochainement) :

Si on n'obtient pas ce que j'avais en tête, je trouverai autre chose

La modèle choisie faisait le consensus entre Marilyne et moi avant même que nous nous concertions. Il s'agit de la superbe Chloé, dont j'ai fait quelques portraits, et que Marilyne a photographiée dans plusieurs de ses propres séries. Chloé est élégante, Chloé a un regard atypique et intense (aviez-vous déjà vu des yeux bridés de cette couleur ?), Chloé incarne avec enthousiasme les personnages sortis tout droit de l'imagination de Marilyne... Chloé était la modèle parfaite pour cette vidéo, et nous avons été ravies qu'elle accepte.

J'ai donc préparé le tournage à partir des visions que j'avais en tête. Je voyais trois scènes, trois tenues, toujours devant le même fond bleu qui serait décoré à la façon d'un cours d'art plastique pour jouer sur les formes, les couleurs et les textures à peu de frais. Du sobre, du déstructuré, du fantastique. Un tailleur classique associé à des accessoires originaux, une grande capeline colorée devant un fond géométrique, une robe de tulle froufroutant sur des accessoires en papier.

La liste des courses s'est affinée en faisant l'inventaire de ce que nous avions déjà chacune de notre côté, et le jour J, nous étions prêtes.

Le tournage a commencé en fin d'après-midi et a duré jusque très tard dans la soirée. De mémoire, environ six heures. J'en étais navrée pour Chloé qui était en pleine période de révisions et que je n'ai même pas pu défrayer avec un repas comme je fais d'habitude, mais elle s'est montrée très arrangeante, en insistant pour bien refaire ce qui avait pu être loupé. Nous avons finalement été plutôt efficaces pour filmer les différents plans, ce qui a pris plus de temps que d'habitude était en réalité la répétition des étapes maquillage, coiffure et mise en place du décor. Comme toujours, sans Marilyne, rien de tout cela n'aurait pu être bien exécuté.

Une fois les rushs sur le disque dur, je me suis donné une semaine de pause pour ne plus y penser et revenir avec un esprit plus frais, deux semaines pour étoffer mes notes et construire un propos d'ensemble, et deux autres semaines pour monter la vidéo. Il semble que c'était le timing parfait, puisque je l'ai terminée hier soir.

MUAH, éclairage, photographie (fin de la vidéo) : Marilyne Dugé
Modèle : Chloé Massieux

07
Aug
2023

La sablière de Couternon

Cela fait des mois, peut-être même plus d'un an, que je suis en contact avec Eric. Je ne sais plus laquelle de nos connaissances communes a permis le premier message, toujours est-il que j'entendais régulièrement parler de lui ; il a initié à la pose plusieurs des modèles que je côtoie, et le premier photographe est toujours mémorable pour un modèle.

Nous avons enfin pu nous rencontrer en juin dernier. Mon compagnon étant parti en Bretagne pour le Hellfest, j'étais exceptionnellement libre un dimanche. Coïncidence, Eric avait publié une annonce pour une séance photo ce weekend-là. Ayant tardé à la voir, et donc à y répondre, je pensais davantage lui renouveler mon intérêt que m'engager dans une séance improvisée, mais Eric m'a choisie.

Pour l'organisation, il m'a envoyé des images d'inspiration bohème et quelques mots clés. J'ai assez peu de vêtements clairs, mais j'avais une robe lacée en coton écru qui n'avais encore jamais servi en séance. Je l'avais achetée d'occasion sur Vinted, la vendeuse la décrivait comme une "robe de pirate". J'ai complété la tenue par un kimono fleuri, lui aussi d'occasion, ainsi qu'une couronne de fleurs séchée acquise pour la séance Louve.

Nous avons fonctionné de la manière qui me met le plus à l'aise lorsque je suis modèle : Eric me proposait un itinéraire, des décors et de premières idées de poses, je proposais des détours et des variations en retour. Alors que nous sortions de la sablière, j'ai vu un arbre couvert de lierre à l'ombre, et Eric a accepté de tenter quelques portraits d'inspiration elfique. Puis sur le chemin vers le champ de blé, j'ai cueilli quelques fleurs sauvages.

Ce que je retiens en premier d'Eric pour cette rencontre, c'est sa générosité. Chaque instant a été un moment de partage, à commencer par la découverte de la sablière de Couternon. Nous avons échangé nos points de vue sur la photographie, sur la technique et la démarche artistique, sur la partie humaine aussi, en particulier la pédagogie.

Sur tous les charmants spots qu'offraient la sablière et ses alentours, mon préféré a été le champ de blé. Cela peut sembler curieux car c'était le plus exposé à la chaleur et que nous étions trop loin l'un de l'autre pour communiquer oralement, mais c'est là que je me suis le plus lâchée.

Je suis pleine de gratitude pour cette jolie journée, et les nombreux clichés pour m'en souvenir.

Photographe : Eric Monnier

19
Jul
2023

Gorgone

Un jour où j'accompagnais Marilyne à Action, en passant devant le rayon des jouets pour enfants, je l'ai vue faire un petit stock de serpents de toutes les tailles en évoquant un projet de coiffe Méduse. Et alors qu'elle la confectionnait, elle m'a demandé si je voulais être sa modèle pour présenter cette coiffe. J'ai évidemment dit oui. La figure de Méduse est une source de fascination et de questionnements depuis mon enfance, où est née ma passion pour les mythologies des grandes civilisations de l'Antiquité.

Méduse est une victime à la fois banale et emblématique du courroux des déités gréco-romaines, déclencheurs d'un nombre incalculable de tragédies sans que l'on ose en défier le sens de la justice. Ces narrations peuvent sembler délirantes à conter autant de souffrances gratuitement infligées, inutiles. Mais peut-être est-ce justement en baignant dans cette acceptation du Destin, aussi cruel soit-il, que nos prédécesseurs ont pu donner naissance à de puissants mouvements philosophiques, prônant l'abandon de la vaine tentative de contrôler ce qui nous échappe... c'est-à-dire presque tout.

En cherchant une tenue pour la séance, je suis tombée sur un de mes costumes de scène, dont le motif serpent a été une évidence. Puis, en discutant du reste de l'accessoirisation et des poses avec Marilyne, les yeux rivés sur mon costume et les photos de la coiffe... j'ai eu l'idée de créer une petite chorégraphie de tribal fusion, qui s'inscrirait dans une sorte de vidéo backstage améliorée, documentant un petit peu nos savoir-faire respectifs. J'étais à la fois excitée et terrifiée par ce concept, qui présentait pour moi de nombreux défis techniques, à la fois en vidéo et en danse, mais je visualisais déjà des snake arms sur Medusa's Path de The Prodigy. J'ai fait part de mon idée à Marilyne, de manière certainement confuse dans la mesure où je n'avais rien de ressemblant à lui montrer en exemple... mais elle m'a donné sa confiance, et son feu vert.

Durant les deux semaines qui ont précédé la prise de vue, je me suis concentrée sur la chorégraphie. Mes capacités ayant beaucoup souffert de ma diminution physique globale d'il y a 3 ans, il fallait renoncer au niveau auquel j'étais autrefois habituée pour pouvoir exécuter proprement quelque chose. Au final je suis partie sur un enchaînement de mouvements basiques, mais je me suis infligé deux difficultés.
La première, c'est que les trois parties dansées sont presque identiques, mais ce sont précisément leurs infimes différences qui compliquent grandement leur mémorisation isolée !
La seconde : tous les danseurs connaissent le désarroi en passant de la répétition devant un miroir à la scène, eh bien c'est pire en retirant absolument tout repère spatial avec les yeux fermés... Mais en raison du pouvoir pétrificateur de leur regard, je tenais à la symbolique des Gorgones n'ouvrant les yeux qu'à la toute fin, juste avant l'affichage d'images statiques.
Alors c'est ce à quoi j'ai consacré une heure tous les jours durant les dix jours avant la prise de vue : exécuter les trois chorégraphies les yeux fermés, en me filmant pour me corriger.

Le jour de la prise de vue, il faisait chaud. Terriblement chaud. Comme d'habitude avec Marilyne, le maquillage a tenu les cinq longues heures de cette séance, de 16h à 21h. Nous étions épuisées, et pleines de doutes quant à l'exploitabilité des rushs avec un boitier que nous n'avions encore jamais utilisé. Aujourd'hui, avec cette vidéo, je suis ravie d'exposer la qualité du travail minutieux de Marilyne avant toute retouche. Et je la remercie infiniment pour sa confiance renouvelée.

Coiffe, maquillage, photographie : Marilyne Dugé

La vidéo est également disponible en HD sur YouTube.

Paramètres d'export :

  • Plage de couleurs : MPEG
  • Mode balayage : progressif
  • Désentrelacement : YADIF temporel + spatial
  • Interpolation : Lanczos
16
Jul
2023

Histoire d'un logo

Depuis quelques années, je gribouille une petite chouette avec l'idée que ce serait une future signature. Pas tant pour mes activités artistiques déjà publiques, que pour les travaux de réflexion et de synthèse plus privés que je partage en ligne à certains proches.

En prévision du jour où j'officialiserais davantage ces choses, j'ai demandé à une graphiste de mon entourage si cela lui disait de numériser mon idée, dans un échange de bons procédés. C'était il y a plus d'un an, et sans perspective claire, ma petite chouette est tombée dans l'oubli.

Ayant récemment rouvert ma micro-entreprise dans laquelle je vais proposer essentiellement de la formation à la pose et de l'accompagnement par la photographie, ma petite chouette me semblait adaptée pour illustrer cette activité de conseil, et j'ai décidé de m'en occuper moi-même. J'ai donc téléchargé Inkscape, dont j'avais un vague souvenir pour mon premier CV... Je me suis de fait retrouvée comme une débutante totale devant mon outil, avec un objectif précis.

Evidemment, passer du dessin machinal à la géométrie, confronter mon idée originale à la réalité, a forcé les remises en question en plus de la galère technique initiale.

Après une soirée sur Inkscape, j'ai montré fièrement le résultat à Marilyne... qui m'a répondu, sur un ton contrit, qu'elle voyait avant tout le nez de Mr Burns. J'ai donc passé une nouvelle soirée à remanier les proportions de mon dessin... et ne comprenant plus rien à ce que je voyais, j'ai acheté le lendemain des feuilles à petits carreaux afin de pouvoir réfléchir sur papier. Depuis des années, tout ce que je produis pour le boulot comme pour le loisir est numérique ; et malgré le développement d'outils informatiques toujours plus efficaces et performants, c'est en travaillant sur papier que je peux m'accrocher au fil de mes pensées. Est-ce dû à l'engagement du corps ? A l'implication de plusieurs sens à la fois ? Toujours est-il que j'ai eu besoin de noircir une feuille avec des courbes et des équations du second degré pour y voir clair.

Et c'est ainsi, après deux nouvelles soirées à saigner des yeux sur Inkscape, qu'est enfin née cette petite chouette aux symboles très importants à mes yeux : le Yin et le Yang, la clé de fa, la lune... sous des traits parallèles à l'esthétique d'inspiration celtique. La tête symétrique, immobile et stable, sur un corps à l'équilibre précaire, sur le point de se mouvoir. Une expansion cyclique. Autant d'idées et de détails auxquels j'accordais beaucoup d'importance, et qu'il aurait été difficile d'intégralement transmettre et faire concilier à une tierce personne, fût-elle experte son domaine...

Il me reste désormais à choisir une police d'écriture pour le texte qui l'accompagnera.

20
Jun
2023

Espace Pose, l'association

Espace Pose est désormais, officiellement, une association, dont le nom complet est Espace Pose, Expression Corporelle et Photographie. Je la préside avec, à mes côtés, Marilyne à la vice-présidence et Bertrand à la trésorerie.

espace-pose

Le chemin n'est pas facile mais l'aventure continue entourée des meilleurs.

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